Le président kényan arrive à Paris pour une visite de cinq jours en France. Un déplacement axé sur les affaires. Le chef de l’État, accompagné de cinq ministres, participera à une conférence de la Banque publique d’investissement, rencontrera le patronat français et signera des contrats.
Avec notre correspondant à Nairobi, Sébastien Németh
Uhuru Kenyatta est accompagné d’une forte délégation ministérielle et devrait assister à plusieurs évènements économiques. Une conférence au siège de BPI France, l’institution chargée de promouvoir les entreprises françaises à l’étranger, mais aussi une rencontre au Medef, le patronat français. Car cette visite devrait donner lieu à quelques signatures de contrats, espère-t-on à l’Élysée, pour près de deux milliards d’euros.
En mars 2019, Emmanuel Macron s’était rendu au Kenya, premier voyage officiel d’un chef d’État français au Kenya depuis l’indépendance. Les deux présidents s’étaient engagés sur plusieurs projets d’infrastructures. Malgré la présence chinoise très forte dans l’économie kényane, la France est attirée par ce pays stratégique dont la croissance l’a propulsé en une décennie dans le club des pays à revenu intermédiaire.
Trois principaux projets d’infrastructure
L’heure est maintenant venue de concrétiser ces accords, dit-on dans les cercles diplomatiques. Paris espère finaliser le projet de concession autoroutière reliant Nairobi à Nakuru et Mau Summit. Un contrat d’une valeur d’1,6 milliard d’euros dont Vinci est l’opérateur principal. Cet axe routier crucial est emprunté par les camions de marchandises importées depuis la côte. Des discussions plutôt ardues à cause d’une divergence sur le risque terroriste, d’habitude pris en compte, dans ce genre de contrat, par le pays souverain. Or Nairobi ne souhaiterait pas assumer ce risque. Il fera donc l’objet d’autres négociations.
Autre projet, la liaison ferroviaire entre la capitale kényane et l’aéroport. Paris a déjà rédigé la convention de financement pour la réhabilitation de l’ancienne voie ferrée existante, reste à la signer pour une valeur de 130 millions d’euros.
Enfin, la France propose son savoir-faire pour raccorder la centrale géothermique de Menengaï au réseau électrique du pays. Soit 30 km de ligne réalisés par la branche française de General Electric. Un projet devant rapporter 110 millions d’euros.
Offrir une alternative au tout-Chinois
Bref, autant des projets calibrés pour être pro-environnement, bénéfiques pour les populations et viables financièrement.
Paris confirme donc son rapprochement avec Nairobi. « Les deux présidents ont un bon contact. Ils s’appellent régulièrement et ont des intérêts convergents notamment sur les questions de stabilité régionale », indique un connaisseur du dossier. Paris a ainsi voté en faveur du Kenya pour l’obtention de son siège de membre non permanent au Conseil de sécurité des Nations unies. La France table sur la volonté des Kényans de diversifier leurs partenaires face à l’omniprésence économique de la Chine. « Les Kényans veulent se diversifier et ils sont mécontents de la façon dont Pékin les traite », indiqué un économiste, ajoutant que les Chinois ont plusieurs fois tenté de contrecarrer ce rapprochement franco-kényan.
En gage de bonne volonté, l’Agence française de développement va proposer ses services pour développer le réseau de routes rurales. Une aide budgétaire est aussi d’actualité.
rfi