Le prix des denrées alimentaires au plus haut depuis deux ans

2019 est relativement une annus horribilis au vu de la hausse des prix du ciment, et, tout dernièrement, de l’électricité. Avant cela, le prix de l’essence avait augmenté au grand dam des conducteurs et aussi des usagers puisque, dans la foulée, les tarifs des transports avaient flambé. A partir du samedi 29 juin 2019, en effet, le prix du litre d’essence super avait connu une hausse de 80 francs. La même quantité de gasoil coûtait à partir de la même date 60 francs plus cher. Quant aux denrées de base que sont le riz et l’huile, elles ont connu une spirale inflationniste. Le poisson, rarissime, est devenu intouchable. Les légumes aussi ont pris l’ascenseur. C’est donc dire que, de plus en plus, le fameux riz au poisson qui est le plat de base des Sénégalais risque d’être biffé du menu de plusieurs googoorlus, visiblement éreintés par cette série de hausses qui n’a pas encore atteint son terme. 2018 avait été décrétée année sociale avec les fameux programmes sociaux du président de la République à savoir le PUDC, le Puma, les Bourses sociales et la Couverture maladie universelle. 2019 peut être qualifiée sans risque d’être démenti d’année de toutes les hausses de prix !

La politique de protection sociale s’inscrit dans une perspective d’assis- tance et d’assurance aux ménages vivant dans l’extrême pauvreté à travers des programmes sociaux. Mais nos gouvernants ne comprennent cela que lorsqu’ils sollicitent les suffrages des électeurs. C’est ainsi qu’en début d’année 2019, le président Sall a réitéré dans son message à la nation sa volonté inoxydable de poursuivre cette politique. Mais l’on s’est vite rendu compte qu’il ne s’agissait là que de promesses électoralistes. Pour cause, une fois le Président réélu, les prix bloqués auparavant se sont mis à s’envoler. Quand l’Etat a décidé de taxer au mois d’août dernier chaque tonne de ciment à hauteur de 3000 francs, les cimentiers ont parallèlement augmenté cette même tonne de 5000 francs. Des hausses qui ont impacté pratiquement tous les matériaux de base entrant dans la construction de bâtiments et de routes.

D’ailleurs, selon l’Indice de l’ANSD, « les prix des matériaux de base ont progressé de 0,7% au mois d’août 2019, sous l’effet de l’accroissement des prix du ciment, consécutive à la hausse de 5000 FCFA appliquée sur le prix de la tonne ». Après, le ciment et autres matériaux de construction, l’électricité est entrée dans la danse haussière. Même si le Directeur général de la Senelec, Pape Demba Bitèye, assure que les 600 000 ménages les plus pauvres ne seront pas affectés par cette mesure, il faut dire que cette exemption ne concerne que la première tranche sociale des 150 kWh facilement atteignable avec quatre lampes et un téléviseur seulement.

Par conséquent, que les Sénégalais ne s’y méprennent pas, tous les usagers sont concernés par cette hausse inexplicable et indéfendable du prix de l’électricité. En réalité, il n’y a ici aucune discrimination positive en faveur des couches les plus pauvres dans cette mesure contrairement à ce que les autorités de l’entreprise publique tentent de nous faire gober. D’ailleurs, les Sénégalais voyaient venir quand, le 13 novembre 2018, en marge de la Revue conjointe du portefeuille des opérations de la Banque mondiale au Sénégal, le ministre de l’Economie, des Finances et du Plan d’alors, Amadou Ba, avait invoqué la politique sociale du gouvernement pour tenter de justifier les tensions de trésorerie. Il soutenait que « la hausse du prix du baril de pétrole de près 80 % n’a pas été répercutée sur les prix du carburant et de l’électricité ». Par conséquent, pour Amadou Bâ la non- application de la vérité des prix a conduit à un manque à gagner de recettes fiscales de plus de 100 milliards par an. « Rien que pour cette année, nous avons mis à la disposition de la SENELEC pas moins de 70 milliards de francs CFA», avait-il ajouté. Pour ceux qui ont su décrypter le message sibyllin, ces propos du ministre Amadou Ba annonçaient en creux une future augmentation du tarif de l’électricité.

Certes, le ministre Amadou Bâ annonçait à mots couverts une future hausse de l’électricité mais se sont repris à espérer une baisse quand ils ont entendu Pape Demba Bitèye se prononcer en ce sens le vendredi 6 septembre 2019, à Kaolack. En effet, le directeur général de la Senelec avait annoncé ce jour-là une baisse programmée du coût de l’électricité. « L’embellie observée dans la distribution de l’énergie se poursuivra pour permettre à tous les Sénégalais d’avoir accès à l’électricité de manière continue » avait dit le nouveau Dg avant d’ajouter que « le coût de production du kilowatt/heure sera revu à la baisse, conformément aux engagements du Président Macky Sall ».

Une annonce t de nature à rassurer les Sénégalais surtout qu’auparavant son prédécesseur Matar Cissé, avant de quitter la direction de la Senelec, avait déclaré que le pari du chef de l’Etat est de baisser le prix du courant. Mais voilà que deux mois après la promesse de Bitèye, le couperet de la hausse est tombé sur la tête des Sénégalais. Exit l’année sociale de Macky Sall, bienvenue dans l’annus horribilis ! Après cette hausse vertigineuse de l’électricité, il faut s’attendre à ce que très prochainement le pain, l’eau et autres produits alimentaires dont la fabrication ou le traitement nécessite de l’énergie électrique prennent l’ascenseur ou que leur qualité baisse drastiquement.