Le procès de Félicien Kabuga doit s’ouvrir à La Haye devant le Mécanisme chargé des derniers dossiers du Tribunal pénal international pour le Rwanda. À la veille du procès, l’accusé a adressé un courrier aux juges dans lequel il affirme ne pas avoir confiance dans son avocat Maître Emmanuel Altit, et refuse de se présenter au tribunal pour l’ouverture de son procès.
Le cœur des accusations du procureur contre Félicien Kabuga porte sur le soutien matériel, financier, logistique et moral qu’il aurait apporté aux milices interahamwes.
En avril 1994, l’homme d’affaires « riche et influent » comme le décrit le procureur se serait retranché à Gisenyi avec les dignitaires du régime. De là, il crée le Fonds de défense national, abondé par des hommes d’affaires pour permettre de réarmer les milices interahamwes.
L’homme d’affaires rwandais aurait aussi mis à disposition des miliciens sa résidence de Kimironko, leur fournissant armes, uniformes, munitions et transports. Un soutien suivi de nombreuses attaques dans la préfecture de Kigali.
Pour le procureur, Félicien Kabuga aurait aussi incité les attaques des milices par son rôle au sein de la Radio-Télévision des Mille collines, dont il présidait le comité de gestion. La radio attisait la haine contre les tutsis et désignait parfois nommément les ennemis à abattre.
Au cours de l’audience d’aujourd’hui, le procureur détaillera les charges et les preuves qu’il entend présenter lors du procès pour obtenir la condamnation de Félicien Kabuga. Le procureur entend s’appuyer sur une cinquantaine de témoignages. L’homme d’affaires rwandais doit répondre de six chefs d’accusation de génocide et crimes contre l’humanité commis au Rwanda entre avril et juillet 1994.
Arrêté en mai 2020 près de Paris, après 25 ans de cavale, son procès est très attendu au Rwanda, notamment par les victimes. Jusqu’au dernier moment, ses avocats avaient tenté d’obtenir qu’il échappe à un procès en arguant de son état de santé. Des arguments finalement rejetés. Mais Egide Nkuranga, président de la principale organisation de rescapés, Ibuka, craint de nouveaux rebondissements.