La Chambre des représentants a voté deux articles de mise en accusation du président américain qui ont été officiellement transmis au Sénat. Le vote ouvre la voie à l’ouverture, sans doute dès mardi prochain, du procès en destitution du président des Etats-Unis, le troisième de l’histoire du pays. Sept élus démocrates de la Chambre des représentants ont été désignés, mercredi 15 janvier, pour servir de procureurs au procès de Donald Trump, lors d’un vote qui a également validé la transmission au Sénat de l’acte d’accusation visant le président américain. « Aujourd’hui, nous entrons dans l’Histoire », a déclaré la présidente démocrate de la Chambre des représentants, Nancy Pelosi, lors de la signature de l’acte d’accusation du président américain.
« Nous y voici : une autre arnaque orchestrée par les démocrates-qui-ne-font-rien », a immédiatement réagi sur Twitter le locataire de la Maison Blanche, qui se dit victime depuis le début de l’affaire ukrainienne d’une « chasse aux sorcières » sans précédent. A l’origine de la procédure de destitution du président américain, un appel téléphonique entre Donald Trump et son homologue ukrainien, Volodymyr Zelensky, au cours duquel M. Trump avait demandé l’ouverture d’enquêtes visant ses opposants politiques.
Comme le 18 décembre, quand la chambre basse du Congrès, aux mains des démocrates, avait mis en accusation Donald Trump pour abus de pouvoir et entrave au travail du Congrès, le vote de mercredi a suivi, à une seule exception, des lignes strictement partisanes. Profondes divisions
Avant ce vote, la présidente démocrate de la Chambre, Nancy Pelosi, avait dévoilé les noms des élus choisis pour porter l’accusation au Sénat. Plusieurs ex-procureurs, une ancienne responsable de la police, un avocat : « L’accent est mis sur l’expérience juridique », avait-elle souligné. « Ce qui est important est de présenter le dossier le plus solide possible afin de protéger et défendre notre Constitution, et pour faire émerger la vérité », avait ajouté Mme Pelosi, en confiant à Adam Schiff le soin de diriger cette équipe qui, avec trois femmes, deux Noirs et une Hispanique, reflète aussi la diversité du parti.
Chef de la commission du renseignement de la Chambre, l’élu de 59 ans a supervisé l’enquête en destitution contre Donald Trump qui, pour cette raison, l’a affublé de plusieurs surnoms, dont « Schiff le fourbe », et demandé son arrestation pour « trahison ». Parmi les six autres élus démocrates de la Chambre figure Jerry Nadler, le président de la commission judiciaire qui bataillait déjà contre Donald Trump à New York bien avant son élection à la tête des Etats-Unis.
Adam Schiff a de son côté accusé Donald Trump d’avoir « placé ses intérêts personnels avant ceux de la Nation », en demandant à l’Ukraine de l’aider à « tricher » pour gagner la présidentielle de novembre. Les démocrates sont convaincus que le président a gelé une aide militaire destinée à Kiev pour forcer son président à salir Joe Biden, bien placé pour l’affronter dans les urnes. Il a « utilisé des fonds votés par le Congrès », a encore asséné Mme Pelosi. Les a-t-il « considérés comme un distributeur à billets ? », a-t-elle ironisé.
Les républicains ont, eux, dénoncé une procédure « partisane » nourrie par « l’aversion » des démocrates pour le président. C’est « un cauchemar national », a estimé leur leader à la Chambre, Kevin McCarthy. Donald Trump « n’a rien fait de mal », a réaffirmé de son côté la Maison Blanche. « Il est impatient de bénéficier au Sénat des droits que Mme Pelosi et les démocrates de la Chambre lui ont refusés et s’attend à être complètement innocenté », a ajouté sa porte-parole, Stephanie Grisham, dans un communiqué
Dans la soirée, Adam Schiff et son équipe ont traversé les couloirs du Capitole pour apporter l’acte d’accusation au Sénat, chargé selon la Constitution de juger le président. Ce procès sera arbitré par le président de la Cour suprême, John Roberts, qui doit prêter serment jeudi avant que les cent sénateurs, qui feront office de jurés, en fassent de même.
« Nous jurerons (…) de rendre justice à nos institutions, nos Etats et la nation », a déclaré le chef de la majorité républicaine à la chambre haute du Congrès, Mitch McConnell, précisant que le procès commencerait « véritablement » mardi prochain.
Le Sénat doit notifier la Maison Blanche de la tenue du procès, demander au président de « répondre aux articles » de mise en accusation et d’« envoyer ses avocats », a ajouté le sénateur républicain. « C’est un moment difficile pour notre pays, mais c’est pour ça que les pères fondateurs ont créé le Sénat », a estimé M. McConnell, un défenseur fidèle du milliardaire new-yorkais.
Un acquittement du président des Etats-Unis, du fait de la majorité républicaine au Sénat, est pour l’instant l’issue la plus probable.