Le Sénégal, un pays modèle dans la transformation digitale

Le CES de Las Vegas s’est achevé vendredi 9 janvier 2020. Parmi les délégations africaines présentes à cette grand messe de l’innovation et des technologies, le Sénégal. Coup de projecteur.

“Du show, des technologies de pointe, ça tient toutes ses promesses!”. Alors que s’achève dans quelques heures la grand messe du digital, la voix de Dicko Sy, CEO de Dictaf Corporation, déborde d’un enthousiasme communicatif. Il faut dire que ce n’est pas rien pour la jeune entrepreneuse d’avoir été sélectionnée parmi les quelques startups sénégalaises présentes au plus grand salon de l’innovation du monde.

Le CES de Las Vegas, qui se déroulait du 7 au 10 janvier, a rassemblé plus de 170 000 visiteurs, 4 500 exposants, groupes et startups venus du monde entier. Et le Sénégal fait parti des trois pays africains (avec le Maroc et l’Egypte) qui ont envoyé une délégation pour cette édition 2020. Une opportunité de présenter des solutions innovantes et de trouver des partenaires potentiels.

“C’est l’occasion d’échanger, de s’inspirer des solutions des autres startups et pourquoi pas aussi de nouer des partenariats”, résume Dicko Sy, dont la startup est spécialisée dans l’agriculture digitale. “Nous avons par exemple eu l’occasion de discuter avec des entreprises françaises, américaines, et une marocaine qui propose une solution similaire à la nôtre et avec laquelle nous pourrions collaborer”.

Le Sénégal, un pays modèle dans la transformation digitale

En quelques jours, les premiers résultats sont là, à la plus grande joie du ministre Papa Amadou Sarr, délégué général à l’entrepreneuriat rapide des femmes et des jeunes à la présidence sénégalaise, présent à l’événement : “Trois startups (Dictaf Corporation, Tolbi et Car Rapide Prestige) sont ici, avec nous. Nous avons trouvé des partenaires américains qui seraient intéressés pour travailler avec elles comme prestataires, voir même pour investir au Sénégal. Le projet est en cours de discussion, et cela s’est fait ces trois derniers jours”, se réjouit le ministre.
Pour le responsable, pas de doute, le Sénégal est aujourd’hui un pays modèle dans le domaine de la transformation digitale, en témoignent les différents projets lancés dans le pays depuis deux ans. “Nous souhaitons désormais investir dans les technologies comme la Blockchain et l’Intelligence artificielle pour régler des problèmes cruciaux, poursuit Papa Amadou Sarr, qui rappelle que “le Sénégal investit plus dans le domaine des TIC que le Rwanda !”.

“La présence de l’Afrique au CES est essentielle !”

Présent depuis trois ans à l’événement, notamment pour accompagner et soutenir les startups du pays, l’administrateur général du GIE GAINDE 2000, insiste lui aussi sur les bienfaits de ce Sommet, que ce soit pour les activités propres de l’entreprise comme pour la visibilité des startups sénégalaises : “L’idée est de niveler par le haut notre écosystème numérique”, précise ainsi Ibrahima Nour Eddine Diagne. Nous-même en tant qu’entreprise, nous avons beaucoup à apprendre, notamment dans la Blockchain et l’Intelligence artificielle, des domaines qui concernent notre activité”.

“On est là pour représenter l’écosystème technologique du Sénégal, pour montrer qu’en Afrique aussi on fait des choses. C’est the place to be pour une startup !”, renchérit Dicko Sy.

Bientôt un pavillon africain ?

En effet, outre-Atlantique, les startups sénégalaises restent méconnues. “Beaucoup ne savent pas où est le Sénégal, certains croient même que l’Afrique est un pays, se désole Papa Amadou Sarr… “alors que nous avons par exemple une startup déjà présente dans plusieurs pays d’Afrique et qui fait même du business avec des pays européens”.

Avec un marché en pleine croissance et une jeunesse très enthousiaste sur les questions liées à l’innovation et à l’entrepreneuriat, le continent regorge de potentiel et d’opportunités. “La présence de l’Afrique et du Sénégal au CES est essentielle, nous ne devons pas être une zone blanche technologique par rapport au monde, rappelle ainsi Ibrahima Nour Eddine Diagne. L’Afrique ne doit pas s’inscrire dans une perspective de consommateurs passifs mais construire, à travers ses réalités économiques et sociales, un environnement digital qui lui convient”.

Un impératif donc : communiquer. Et cela passe par une présence accrue à ce genre d’événements internationaux. “Je regrette fortement qu’il n’y ait que trois pays africains représentés, car le CES, tout comme Vivatech en France, est le moyen le plus rapide d’établir des partenariats. J’appelle mes collègues africains à être présents lors de la prochaine édition, car c’est un événement à ne pas rater !”, lance Papa Amadou Sarr. Et pourquoi pas l’an prochain, plutôt que des délégations nationales, voir à Las Vegas un important pavillon continental africain à la hauteur du dynamisme du continent ? Rendez-vous est pris pour 2021.

CIO Mag