Selon Amnesty International, le gouvernement du Soudan du Sud est pour la première fois convoqué devant une cour régionale de justice pour des crimes présumés commis par ses services secrets. Après une audience mercredi 6 mars, la Cour est-africaine de justice, basée à Arusha, a convoqué le ministre de la Justice pour le 25 mars. Il devrait s’expliquer sur l’affaire Kerbino Wol Agok, un homme d’affaires et philantropiste détenu arbitrairement depuis dix mois.
Le 27 avril 2018, Kerbino Wol Awok s’est rendu à une convocation envoyée par le tristement célèbre National Security Service. Le NSS l’a aussitôt arrêté, incarcéré au centre de détention Blue House, notoire pour ses mauvais traitements, puis mis au confinement après une émeute.
Selon Amnesty, Kerbino Wol Awok n’a le droit de voir ni ses proches, ni ses avocats ni un médecin. Le Syndicat des avocats panafricains (Palu) tente depuis de le faire libérer. L’organisation a déposé deux plaintes, notamment pour détention illégale et arbitraire. « Kerbino Wol Awok n’a jamais été informé des raisons de son arrestation, jamais mis en examen, jamais amené devant un tribunal », explique le Palu. Ses comptes bancaires ont également été gelés et ses sociétés fermées.
Alors que sa santé se serait sérieusement détériorée, le syndicat a demandé un traitement urgent de son cas à la Cour est-africaine de justice. Dans l’audience de mercredi, l’EACJ a entendu le Palu et a décidé de convoquer le gouvernement le 25 mars afin qu’il s’explique au cours d’une audience inédite et cruciale dans cette affaire.
« Cette décision offre un espoir pour les Sud-Soudanais qui ont enduré des violations de leurs droits sans fin et sans aucune justice », a réagi Seif Magango, directeur adjoint d’Amnesty Afrique de l’Est. Ce dernier ajoute que la libération des prisonniers est l’un des piliers de l’accord de paix de septembre.