«Le Ter met-il le Sénégal par terre ou l’envoie t-il sous terre »

Notre pays, le Sénégal, a acheté à ALSTOM un train pour une distance de cinquante kilomètres environ. Dans l’opération le mètre de rail devrait coûter 1.000 euros, le kilomètre 1(un) million d’euros. Le chemin de fer( rail) coûterait( prix de référence) 53 millions d’euros, 270 millions pour les 15 rames (15 millions par rame).

Au même moment, à Paris cette fois-ci, avec la Région Ile-de-France, le même ALSTOM gagne un marché pour le RER d’un montant d’un milliard cinquante millions d’euros. Pour 71 trains de 06 (six) voitures longues pour la plupart. Le Sénégal, pour 850 millions d’euros (à 200 millions près) n’obtient que 14 trains de quatre (04) voitures courtes chacun. Soit 15 millions d’euros par train pour la France et 61 millions d’euros par train pour le Sénégal. Le ratio est d’un contre cinq.

En d’autres termes, le Sénégal achète un train pour le prix de cinq. Il offre à la France quatre trains chaque fois qu’il en achète un.
C’est ce ratio qui fait qu’on ne doit plus rien acheter à la France. Parce qu’il y aura « détérioration des termes de l’échange » comme dirait Senghor.
S’il s’agissait de riz, à chaque fois qu’un chef de famille veut acheter un sac, il faudrait qu’il en paye quatre aux Français.
C’est cela le développement interdit.

Notons que l’appel d’offres parisien n’a eu lieu qu’après la signature officielle du Sénégal d’un montant qui, en réalité, fait que c’est notre pays qui paie le train de banlieue parisien. A concurrence de 80% aujourd’hui. Le reste est à venir avec les nombreux avenants qui feront qu’on finira par payer les 270 rames dont ont besoin les Français. Avant que ces 14 ou 15 rames ne se mettent à rouler sur 50 kilomètres.

En réalité, notre Premier Ministre devrait être plus regardant sur les dépenses publiques et prendre une option pour construire des rails sur 500 kms pour 500 millions d’euros comme indiqué plus haut. Il obtiendrait ainsi de 25 à 30 rames ou trains. Des villes comme Mbour, Fatick, Kaolack, Kaffrine, Koungheul et Tambacounda seraient reliées à Dakar en un temps record.

Par ailleurs, cette manière de payer le TER relève de l’Impôt Colonial et nous montre une autre dimension du CFA.
Il y a le CFA militaire, linguistique, culturel, industriel et même électoral, Valls dixit. Chirac ne démentira pas.

Déjà en 1994, après la dévaluation du CFA, je publiais un article dans le quotidien Le Soleil sur la nécessité de nous libérer de cette monnaie coloniale en tant que premier joug avant les autres entraves.

Pauvre Sénégal où le seul moyen d’exprimer sa liberté est de se proclamer Diambour, c’est-à-dire esclave du régnant.

DR AHMED KHALIFA NIASSE