Annoncé en grande pompe en marge du déplacement du président français Emmanuel Macron à Abidjan sur invitation de son homologue ivoirien Allassane Ouattara. Une déclaration avait été faite selon laquelle l’Eco remplacerait le franc CFA dès juillet 2020. C’était lors d’une conférence de presse conjointe animée le 21 décembre 2019.
Ce projet économique ambitieux est-il déjà renvoyé aux calendes grecques ? Bien malin celui qui pourra répondre à cette question. Malgré l’acquisition des principes de fonctionnement de cette devise, des points d’achoppement persistants influent sur le calendrier de la mise en œuvre de l’Eco. A quand sa réalisation concrète ?
L’objectif de la mise en circulation de l’Eco est loin d’être atteint. Car une bataille larvée a lieu entre les pays de la Communauté Economique Des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) et le Nigéria. Ce dernier ne cache plus son intention de reporter le lancement de la nouvelle monnaie. Et il l’a fait savoir sur le compte Twitter de sa présidence publié le lundi 10 février 2020. « La position du Nigéria sur l’Eco est que les critères de convergence n’ont pas été atteints par la majorité des pays », a-t-il déclaré. Pour ce géant africain, il reste beaucoup à faire. En ce sens que si tous les pays doivent intégrer l’Eco, ils doivent remplir les critères tels qu’une inflation inférieure à 10%, une dette publique inférieure à 70% et un déficit budgétaire inférieur à 3% du PIB. Il est moins sûr que ces conditions soient respectées. Celles-ci ayant été arrimées à l’euro.
Le Nigéria avait déjà dénoncé la sortie précipitée du président ivoirien sur l’initiative de nommer unilatéralement la nouvelle monnaie « Eco ». Selon Abuja, ce nom ne tient pas compte des réalités socio-culturelles des pays anglophones de la zone. D’où l’impossibilité des alliés de la zone CEDEAO d’afficher une entente à long terme.
Le Nigéria qui pèse 70% dans le PIB de la CEDEAO n’entend, ni se laisser faire ni se faire dicter une quelconque loi.
Une absence de fondements institutionnels et quelques problèmes techniques
Les textes ont toujours été le ciment de toute organisation. A ce jour aucun traité n’a été ratifié par les Parlements membres de l’organisation monétaire. Tant sur les statuts de la Banque centrale que sur les législations bancaires devant la régir. De plus, il n’existe aucun accord sur la parité entre l’Eco et les monnaies avec lesquelles elle doit cohabiter. Ce qui devait présager d’un espace de libre échange et d’une union douanière. Autant dire que cette cacophonie interne donne à voir une politique commune non finalisée qui tâtonne.
L’une des difficultés de la mise sur pied de l’Eco se situe également à un niveau technique. Elle touche à l’impression des nouveaux billets.
Avec tous ces points de discorde, tout porte à croire que la mise sur le marché de l’Eco reste problématique. Autant dire une intégration économique difficile à mettre en place.