Législatives en Malaisie: un duel au sommet entre Razak et Mahathir

Près de 15 millions d’électeurs sont appelés mercredi 9 mai aux urnes pour choisir les 222 députés de l’Assemblée nationale, qui éliront ensuite le Premier ministre. C’est le sortant Najib Razak qui part favori grâce à la bonne santé économique du pays. Mais pour grignoter sur son électorat, l’opposition a mis à sa tête son ex-mentor, Mahatir Mohamad. Depuis, les noms d’oiseaux fusent.

Najib Razak et sa coalition, à la tête du pays depuis l’indépendance en 1957, avaient perdu lors des dernières législatives la majorité des deux tiers à l’Assemblée. Qu’à cela ne tienne : le Premier ministre a redécoupé la carte électorale pour favoriser son électorat, l’ethnie malaise, qui rassemble environ 60% des électeurs. Si on y rajoute l’économie florissante, la victoire semble assurée.

Certes, depuis plus de deux ans, le scandale du fond de modernisation 1MDB défraye la chronique – sur 4 milliards de dollars, 3,5 ont disparu, certaines sommes ont atterri sur le compte de Najib Razak… Mais l’opposition, très divisée, n’a pas su en profiter. Elle a donc mis à sa tête l’ancien mentor du Premier ministre, Mahathir Mohamad, 92 ans, pour mordre sur son électorat malais.

« Mahathir est le très grand Premier ministre de Malaisie, celui qui a placé la Malaisie sur la carte mondiale des années 80-90. Une grande figue à la fois nationaliste, anti-post-colonialisme et Premier ministre des années les plus fastes de l’économie malaisienne, explique Elsa Lafaye de Micheaux, chercheuse au Centre Asie du sud-est. A côté de ça, Mahathir était un Premier ministre à la fois extrêmement populiste, autoritaire, qui a mis en prison ses opposants. On a un peu oublié ses coups de force politiques, le fait qu’il a lancé le début d’une islamisation qui aujourd’hui pose problème en Malaisie ; on oublie qu’il avait fait emprisonner son Premier ministre… Bref, Mahathir bénéficie d’un état de grâce, ce qui fait grincer certaines dents et se retrouve en première ligne pour incarner le mouvement d’opposition très éclaté. »

Pendant la campagne Mahathir n’a pas manqué de sévèrement critiquer le bilan de son ancien disciple – opposants emprisonnés, ministres critiques remerciés, loi restreignant la liberté d’expression…

Le Premier ministre a répondu en critiquant le passé autoritaire de Mahathir, qui avait entre autres mis le chef de l’opposition en prison à la fin des années 90 : Anwar Ibrahim avec qui il vient de s’allier… Anwar Ibrahim ne pouvait participer aux élections de ce mercredi, puisqu’il est à nouveau en prison, mais cette fois c’est l’actuel Premier ministre, Najib Razak, qui l’y a mis.

 

 

RFI