Les Argentins inquiets à l’idée d’une nouvelle demande de prêt auprès du FMI

Le ministre argentin de l’Economie s’est rendu à Washington, jeudi 11 mai. Nicolás Dujovne y a rencontré Christine Lagarde, la directrice du Fonds monétaire international. Ensemble, ils ont entamé des négociations, qui pourraient durer jusqu’à six semaines, pour l’octroi d’un prêt de plusieurs milliards de dollars à l’Argentine. Car le paso, la monnaie nationale, s’effondre depuis une dizaine de jours, ce qui a poussé le gouvernement à demander l’aide du FMI. Pour les Argentins, ce recours à l’institution, qui rappelle de très mauvais souvenirs, n’est pas une bonne nouvelle.

Avec notre correspondante à Buenos Aires,Aude Villiers-Moriamé,

Clarisa Costas s’est abritée de la pluie dans un centre commercial du centre de Buenos Aires. Cette directrice d’école a été abasourdie lorsqu’elle a entendu que l’Argentine s’apprêtait à demander un prêt au FMI. Pour elle, « c’est une horrible décision. Parce que pour pouvoir rembourser les intérêts de la dette, on va nous imposer des mesures de rigueur. Les retraites vont être encore abaissées, le budget de l’Etat va être diminué ». Une dynamique « qui est d’ailleurs déjà en marche avec ce gouvernement ».

Pour Clarisa comme pour de nombreux Argentins, le FMI est responsable de la grave crise économique qu’a traversé le pays en 2001. Etranglé par la dette, par les plans d’austérité imposés par le FMI et par la parité fixe qui liait le peso au dollar, le pays était alors en récession. Mariana Gonzalez, la quarantaine, se souvient très bien de cette époque. « C’était le chaos », confie-t-elle, « on n’avait pas de quoi survivre au jour le jour ». Elle ne pense pas « qu’on en revienne à cette situation », mais se dit « inquiète pour les plus pauvres ».

La popularité du président en chute libre

Certains continuent malgré tout à faire confiance au gouvernement de centre-droit. Comme Eduardo Barescalgi. Pour cet ingénieur, « il n’y avait pas d’autre option » que de faire appel au FMI. Pour lui, le gouvernement précédent « a été si mauvais que l’on paie les pots cassés ».

Eduardo affirme qu’il votera sans hésitation pour Mauricio Macri s’il se représente en 2019. Pas sûr que son avis soit largement partagé : la courbe de popularité du président argentin a chuté de 20 points en quelques mois.

 

rfi