Les artistes font entendre leurs voix en ce 22 mars, Journée mondiale de l’eau, et alors que les travaux du Forum mondial de l’eau se poursuivent à Dakar, au Sénégal. Six grands chanteurs d’Afrique de l’Ouest publient Voix du fleuve, voie de la paix, un disque aux sonorités des plus variées, mais avec un thème commun : les enjeux de la gestion du fleuve Sénégal.

Autour de Baaba Maal, défendre le fleuve Sénégal, « voie de la paix »

Qu’est ce qui peut bien rassembler Baaba Maal, Daara J, Noumoucounda, Fatoumata Diawara, Noura Mint Seymali et Sékou Kouyaté ? Tous sont originaires de pays ayant en partage le fleuve Sénégal, long de près de 1800 kilomètres et qui s’étend de la Guinée à la Mauritanie, en bordant le Sénégal et le Mali.

David Carroll, directeur artistique de Milk Music, les a réunis pour le disque Voix du fleuve, voie de la paix, afin qu’ils « portent le message des riverains du fleuve Sénégal auprès des dirigeants mondiaux réunis à Dakar ». Ces responsables politiques « doivent écouter les voix des citoyennes et des citoyens pour la gestion de l’eau : cette ressource doit être un facteur de coopération entre les peuples plutôt qu’une source de conflit », ajoute celui qui est aussi le fondateur du collectif Slowfest pour la transition écologique dans les musiques actuelles.

« Au-delà de la musique »
Le compositeur franco-irlandais n’a pas eu de mal à convaincre les chanteurs : « Ils étaient tous déjà engagés pour différentes causes avant ce projet. Ils sont convaincus que leur place en tant qu’artiste va au-delà de la musique ». À commencer par Baaba Maal, « oscarisé » pour la musique du film Black Panther et par ailleurs, ambassadeur des Nations unies contre la désertification à la COP14.

Maayo Sénégal, le titre composé par le chanteur peul, s’apparente à un voyage sur le fleuve, dans sa région du Fouta. Un autre Sénégalais, Noumoucounda, raconte combien le cours d’eau peut être capricieux, tandis que Noura Mint Seymali rappelle que sans lui, tout ne serait que sécheresse et désolation…

Un fleuve vital
Le fleuve Sénégal est en effet vital pour l’agriculture, l’élevage et l’alimentation en eau potable des pays qu’il baigne. Alors que le Sahel est gangréné par l’insécurité et que les conflits d’usage entre communautés (pâturage ou maraîchage…) ne demandent qu’à être instrumentalisés par des bandes armées ou des groupes politiques, le cours d’eau est toujours géré par une institution internationale ad hoc, l’Organisation pour la mise en valeur du fleuve Sénégal. L’OMVS, qui fête ses cinquante ans d’existence en 2022, garantit un accès équitable à l’eau aux quatre pays du bassin du fleuve Sénégal.

Les artistes de Voix du fleuve, voie de la paix se font fort de rappeler ces enjeux cruciaux aux participants du Forum mondial de l’eau, lors d’un concert mercredi 23 mars à Diamniadio, près de Dakar, où se tient le sommet.

RFI