L’enquête du « New York Times » sur les revenus de Donald Trump fait apparaître une utilisation ingénieuse des frais professionnels du président et de ses proches afin d’obtenir des déductions fiscales.
Les limiers du New York Times lancés à la recherche des déclarations de revenus de Donald Trump ont mis au jour des pratiques d’optimisation fiscale hardies qui concernent notamment l’entourage familial du président des Etats-Unis.
Sa fille Ivanka, ancienne dirigeante − comme ses deux frères Donald Jr. et Eric − de la Trump Organization, aurait ainsi été utilisée comme « consultante » pour obtenir des abattements au titre de frais professionnels. Entre 2010 et 2018, une somme de 26 millions de dollars a ainsi été soustraite aux revenus de Donald Trump, sans que l’identité des « consultants » ait été révélée. Cependant, les informations financières livrées par Ivanka Trump lorsqu’elle est entrée à la Maison Blanche en 2017 avec le titre de conseillère − non rémunérée − du président ont fait état d’une somme de 747 622 dollars qui correspond « exactement », selon le New York Times, aux frais de consulting déclarés pour obtenir des déductions fiscales par la Trump Organization à propos de projets hôteliers à Vancouver, au Canada, et à Hawaï.
L’ingéniosité de Donald Trump serait également illustrée, selon le New York Times, par l’usage fait d’une propriété de grand standing, le domaine de Seven Springs, situé dans le comté de Westchester, dans l’Etat de New York. Cette demeure installée dans un vaste domaine a été construite en 1919 par un ancien chef de la Réserve fédérale.
Après avoir échoué à en faire un projet immobilier, Donald Trump a accepté de ne pas développer la majeure partie de la propriété en réclamant, en échange, une déduction fiscale de 21,1 millions de dollars. En la présentant ensuite comme une source de revenus par des locations et non comme un lieu de résidence, il a pu soustraire les taxes foncières alors que la propriété est pourtant présentée sur le site de la Trump Organization comme « un lieu de villégiature pour la famille Trump », comme l’ont confirmé de nombreuses déclarations publiques.
Avion privé et passages chez le coiffeur
La conception très extensive des frais professionnels de Donald Trump s’étendrait également à son club de luxe de Mar-a-Lago, en Floride. Toujours selon le New York Times, ce qui est devenu désormais la résidence permanente du président est également la source de centaines de milliers de dollars de dépenses déduites de son revenu imposable, « dont 109 433 dollars pour le linge de maison et l’argenterie et 197 829 dollars pour l’entretien des jardins ».
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S’y ajoutent également, selon la même enquête, 210 000 dollars versés à un photographe de Floride, au fil des années, pour avoir couvert de nombreux événements au club, y compris une soirée de réveillon pour le Nouvel An de l’année 2016, organisée par M. Trump. L’homme d’affaires a déduit également, par le passé, les coûts de carburant et de restauration associés à son avion privé, tout comme les passages chez le coiffeur, pour un total de 70 000 dollars, lorsqu’il animait l’émission de téléréalité « The Apprentice ».
Cette optimisation fiscale forcenée contredit des déclarations passées de Donald Trump, notamment avant qu’il entre en politique. Il avait ainsi publié sur son compte Twitter en février 2012 un message déplorant le fait que « la moitié des Américains ne paient pas d’impôts en dépit d’un déficit budgétaire ravageur ». Puis vanté, en 2013, un Donald Trump « qui va payer plus d’impôts en un an que vous pendant toute votre vie ». Pendant la campagne de 2016, il avait même promis de taxer les créateurs de fonds spéculatifs accusés « de payer pratiquement rien », se présentant en justicier, porte-parole des « oubliés ».