Voilà dix ans jour pour jour que le président tunisien Ben Ali fuyait son pays sous les cris de joie et d’espoir de la population tunisienne. Mais la pandémie du Covid-19 est passée par là et l’heure n’est plus aux célébrations de cette révolution sans précédent dans le monde arabe.
L’heure n’est pas à la fête en Tunisie. Depuis ce mercredi minuit, un confinement général a été décrété sur tout le territoire, ainsi qu’un couvre-feu qui s’étale de 16h à 6h du matin, et ce pour une durée de quatre jours. Le ministère de la Santé entend limiter la propagation du Covid-19 qui a atteint des records, entraînant une situation « très dangereuse » dans le pays. Les hôpitaux ont alerté sur les difficultés à trouver des lits pour les nouveaux cas, et ce en dépit de la mise en place d’hôpitaux de fortune pour désengorger les structures existantes. Les cours dans les écoles, lycées et facultés sont également suspendus du 13 au 24 janvier.
Les rassemblements interdits
Toutes les manifestations culturelles et autres sont interdites. Adieu donc les rassemblements et les manifestations qui devaient marquer les dix ans de la révolution. Des célébrations qui se voulaient non seulement symboliques, marquant l’entrée de la Tunisie dans la démocratie, mais aussi et peut-être surtout revendicatives. La situation économique et sociale se dégrade au fil du temps, le taux de chômage s’accroît, les jeunes diplômés sont à bout, les sit-in et les occupations de différentes corporations se multiplient.
’avenue Habib Bourguiba, lieu par excellence des rassemblements-anniversaires de la chute de Ben Ali, devrait donc demeurer vide, une première depuis 2011. Les autorités craignent que ce jour férié, suivi du week-end, entraîne une hausse galopante des cas de coronavirus. Il est vrai que les mesures barrières pour lutter contre le virus sont loin d’être respectées dans la capitale Tunis. Le port du masque est quasi-inexistant et la distanciation totalement absente. Mercredi soir, les habitants fuyaient la capitale pour aller se confiner à la campagne, créant des embouteillages monstres dans Tunis et sa banlieue.
La Tunisie, qui n’avait enregistré qu’une cinquantaine de décès lors de la première vague, a recensé 5 284 morts et 162 350 cas, un nombre sous-évalué comme dans d’autres pays puisqu’il ne comprend que les cas confirmés par des tests
• Tunisie: 10 ans après la révolution
Retour sur les dix ans de révolution tunisienne avec les émission spéciales de RFI enregistrées à Institut français de Tunis ( IFT). Aux côtés de Nathalie Amar, on retrouve Michel Picard et Lilia Blaise correspondants de RFI à Tunis, Amélie Tulet, envoyée spéciale, Julien Vandal, rédactrice en chef et Raphael Lazizi, technicien.
À leurs côtés pour analyser les dix ans de cette révolution :
– Radhi Meddeb, ingénieur et analyste, président de l’ONG Action et développement solidaire, président du Centre financier aux entrepreneurs.
– Elyes Gharbi, journaliste et présentateur de Midi Show l’émission phare de Mosaïque FM.
– Selim Kharrat, politologue et président de l’ONG Al Bawsala
– Thameur Mekki, rédacteur en chef de Nawaat (depuis 2017), blog collectif indépendant fondé en 2004 par des cyber activistes tunisiens.
– Saida Ounissi, membre du parti islamiste Ennahdha, députée membre de la Première circonscription de la France, ancienne ministre de l’Emploi et de la formation professionnelle.
– et Fadel Abdelkefi, économiste, homme d’affaires et homme politique tunisien (ministre à deux reprises) sans étiquette jusqu’en 2019, membre d’Afek Tounes (social libéral) depuis 2020.