Les femmes encore peu représentées dans les syndicats

Les femmes encore minoritaires à la direction des entreprises sont aussi sous représentées dans les syndicats. Et elles sont de plus en plus nombreuses à vouloir changer la donne.

En Côte d’Ivoire, des femmes déjà très engagées dans la vie syndicale et associative ont lancé il y a quelques jours un réseau exclusivement féminin pour mieux défendre leurs droits.

Les adhérentes sont issues du secteur informel, de la santé ou de la fonction publique. Certaines sont des militantes aguerries. Et un peu fatiguées. Lassées d’occuper les strapontins dans les organisations classiques.

Comme dans le reste du monde, si la plupart des syndicats défendent le droit des femmes, c’est encore trop souvent des hommes qui les représentent. « La parité s’arrête là où le pouvoir commence », a prévenu l’anthropologue féministe Françoise Héritier.

Le syndicalisme, bastion masculin

Au vu des réactions méfiantes voire critiques des dirigeants syndicaux masculins à l’initiative des Ivoiriennes, on constate que les hommes sont encore jaloux de leurs prérogatives sur la scène des luttes sociales. Et pas seulement en Afrique. C’est vrai dans de nombreux pays.

En France, Nicole Notat a été à la tête de la CFDT, Laurence Parisot au Medef ou plus récemment Christiane Lambert élue présidente de la FNSEA, l’organisation des agriculteurs, mais ces trajectoires restent exceptionnelles et ne reflètent pas la base militante.

Dans les syndicats français, les femmes sont encore minoritaires. C’est à la CGT qu’elles sont le moins présentes, 37 % des effectifs sont féminins. Cela reflète aussi les métiers, la CGT étant un syndicat historiquement plus implanté dans l’industrie où les hommes sont majoritaires.

L’engagement syndical des femmes a progressé

D’après la Confédération européenne des syndicats, les hommes adhèrent de moins en moins et les femmes de plus en plus, des différences toutefois ténues, en moyenne les femmes sont moins nombreuses que les hommes. A l’exception de plusieurs pays nordiques et du Royaume-Uni, où elles sont désormais majoritaires et c’est l’une d’entre elles qui a pris en 2013 la direction du Trade Union Congress, Frances O’Grady.

Cette féminisation se ressent dans les thèmes abordés. Le Trade Union Congress toujours en pointe sur l’égalité salariale s’est intéressé cette année aussi aux discriminations envers les femmes de plus de 50 ans.

La mobilisation des femmes a joué un rôle décisif dans la lutte pour l’égalité salariale

On se souvient de la mobilisation des machinistes de Ford en 1968 au Royaume-Uni, moins bien payées que leurs collègues hommes. Elles ont dû aussi convaincre les syndicats du bienfondé de leur cause. 50 ans plus tard, l’égalité salariale est inscrite dans la loi, mais ce n’est toujours pas une réalité.

En France le gouvernement a annoncé hier soir un nouveau dispositif pour contraindre les entreprises à réduire enfin les écarts, qui restent de 9 % en France à poste égal. Les femmes sont appelées à être vigilantes, et à faire grève aujourd’hui pour que la loi soit enfin respectée.

Un arrêt de travail est lancé à partir de 15 h 40. Pourquoi 15 h 40, parce que c’est l’heure à partir de laquelle les Françaises travaillent gratuitement. Le mouvement sera suivi aussi en Italie et en Espagne où on s’attend à de fortes perturbations dans les transports.

rfi