En cette période de forte canicule, et vu l’exiguïté des maisons ainsi que la promiscuité qui y règne, les jeunes prennent d’assaut les plages à la recherche de fraicheur. Hélas, ces plages ne sont pas sans danger comme le prouvent les nombreux cas de noyades enregistrés depuis le début de la période de chaleur.
Rien que pour la seule plage de Malika, une dizaine d’élèves ont péri, noyés. Malgré cette hécatombe, et malgré les mesures prises par les autorités pour empêcher l’accès à cette plage de toute façon interdite à la baignade, des hordes de jeunes s’y agglutinent encore. Reportage du journal « Le Témoin » à la plage de Malika.
Le chemin qui mène à la plage est à l’image d’une procession de fidèles à la quête d’une cure de jouvence. Juste que ces jeunes habitants de la banlieue dakaroise sont à la recherche d’un bol d’air frais. Les maisons dans ces quartiers sont exiguës mais contiennent beaucoup de monde qui s’y agglutine. D’où la promiscuité.
Et avec la canicule qui s’est installée depuis ce weekend et la pluie qui tarde, c’est l’enfer dans les maisons. Ainsi tous les chemins mènent aux différentes plages, l’une des plus prisées étant celle de Malika. Même si elle est sur la liste des plages interdites à la baignade, les jeunes gens s’y ruent en masse.
Chaque jour, des groupes de garçons et filles se dirigent vers cette plage très fréquentée. Et pendant que certains font trempette, d’autres jouent au football sur la berge. S’ils ne font pas du thé, tout simplement. La présence féminine est également bien visible sur la plage.
En bikinis pour certaines, elles dévoilent les dernières tendances de l’été qui pourrait être torride après la privation de l’année dernière à cause de la pandémie de Covid-19.
Au niveau du rond-point qui mène à la plage de Malika, une fourgonnette de la gendarmerie est stationnée pour dissuader les baigneurs de s’aventurer sur la berge.
« Nous avons reçu des ordres et devons interdire aux jeunes de trop s’approcher des eaux. Toutefois, ils peuvent rester à trente mètres des eaux. Car, cette plage est interdite », informe un des gendarmes. A l’en croire, toute la difficulté qu’ils ont, c’est de maitriser les jeunes du fait que cette plage et celle des Parcelles Assainies ne font qu’une seule. Ce qui rend difficile la tâche aux gendarmes qui ne peuvent pas contrôler tous les périmètres de la rive.
A quelques mètres, un groupe de jeunes garçons est autour d’une théière, insouciant du danger que représente la plage. « Certes, la plage est interdite, mais nous n’avons pas assez d’espace chez nous. Et puis, il fait chaud », se justifie le jeune Moussa Diop, élève en classe de seconde, les pieds plongés dans le sable.
Son ami, qui assistait à la conversation, pense comme lui en invoquant la chaleur. Et pourtant, ces jeunes n’ignorent pas les dangers de cette plage. Certains d’entre eux y ont vécu des évènements dramatiques, mais l’attrait de la plage reste irrésistible.
« L’année dernière, nous avions perdu un ami dans cette plage. Il était parti faire trempette et nous ne l’avons plus revu», raconte le jeune garçon.
En dépit de ces dangers qu’ils encourent, ces jeunes gens disent ne pas pouvoir se passer du grand bleu. Si certains connaissent les dangers et évitent la baignade, ce n’est pas toujours le cas pour d’autres, insensibles au péril.
De l’autre côté de la plage, des filles sont allongées sur des pagnes étalés à même le sable. Elles sont des étudiantes venues chercher un peu de fraicheur. « Nous ne sommes pas là pour nous baigner, mais pour prendre de l’oxygène. Nous savons les dangers de cette plage et sommes conscientes des interdits », explique Néné Aicha Diallo, étudiante à l’université Cheikh Anta Diop de Dakar.
A l’en croire, les cours à la Fac sont suspendus à cause de la crise interne qui y prévaut. Sous le pont, en face de la plage, des adultes ne veulent pas prendre le moindre risque. « Je refuse que mes enfants se dirigent vers la plage. Il y a assez d’espaces pour prendre de l’air. Nous ne sommes pas obligés de nous baigner. Les jeunes doivent prendre conscience du danger de cette plage », conscientise une jeune dame entourée de sa marmaille.
Selon elle, les parents n’ont pas le temps de surveiller les enfants à longueur de journée à cause des contraintes de la vie. De ce fait, les plus jeunes se libèrent souvent de leur surveillance pour prendre d’assaut le grand bleu. A leurs risques et périls. Ce qui explique les nombreux cas de noyades, les gendarmes ne pouvant pas surveiller toute la plage.
Le Témoin