Ce 8 mars 2022, c’est la cinquième édition de la « Aurat March », la marche des femmes au Pakistan. Les organisatrices ont maintenu la mobilisation malgré les menaces dont elles font l’objet. L’année dernière, certaines d’entre elles avaient été accusées de blasphème, considéré comme un crime au Pakistan et qui est passible de la peine de mort. Mais les femmes sont au rendez-vous malgré tout.
Avec notre correspondante à Islamabad, Sonia Ghezali
Les pancartes colorées sont nombreuses au-dessus des têtes. Sur l’une d’elles est écrit : « Nous voulons la liberté et la sécurité ». Sur une autre : « Stop aux mariages et aux conversions forcées. »
Parmi les marcheuses, il y a Marvich, une assistance sociale âgée de 30 ans. « Je peux dire en toute certitude qu’au moins 90%-95% des femmes ont été victimes de harcèlement au travail, dans la rue. Nous devons parler pour dénoncer cela. Pour pouvoir nous promener en toute confiance dans la rue, nous devons marcher pour nos droits. »
« L’espace se réduit pour les femmes »
Perchée à l’arrière d’une camionnette, micro dans la main, la militante féministe Tahira Abdullah, défenseure des droits de l’homme et grande figure du féminisme au Pakistan, ne mâche pas ses mots : « Au Pakistan, l’espace se réduit pour les femmes. Particulièrement pour celles qui sont libérales, modernes, éclairées. Les militants extrémistes religieux, eux, prennent de plus en plus d’espace, ils avancent de plus en plus avec le soutien de l’État, en étant protégés et soutenus. Donc, nous devons continuer à nous battre, à lutter, nous devons continuer à aller plus loin, encore plus loin. »
Les marcheuses sont encerclées par un cordon de sécurité de la police et de forces anti-terroristes. Il y a deux ans, des militants extrémistes religieux avaient lancé des pierres sur les participantes.