Macky, à la tête de sa nouvelle coalition, considère qu’il pèse au moins 85% de l’électorat du pays. Il tient cette conviction du ralliement de leaders considérés naguère comme très hostiles à sa politique et du fait que presque tous les alliés sont restés dans la coalition au pouvoir qui ne cesse de s’élargir.
Donc, en additionnant les voix des uns et des autres, au regard surtout des résultats de la dernière présidentielle, il en arrive à des chiffres qui, même s’ils sont estimés, pourraient refléter une certaine réalité.
D’ailleurs, Barhélémy Dias, pourtant ancré dans l’opposition, estime lui aussi que Macky est actuellement imbattable sur le terrain…
Des estimations et autres calculs qui font des citoyens sénégalais, de simples objets de statistiques.
D’ailleurs, cette réalité est ancienne au Sénégal. Car, au moment de leurs négociations pour des positionnements politiques, des postes ou autres avantages, les hommes politiques mettent en avant leurs poids électoraux en donnant souvent des chiffres très précis.
Chacun vient à la table de la négociation auréolé de ses derniers résultats en montrant justement que c’est son poids politique exact.
Une situation qui en dit sur le fait que les électeurs sont considérés comme du bétail électoral. Ils sont comptés, répertoriés et analysés exactement comme on le fera pour des objets, des marchandises ou autres.
Or, il y a certes l’appartenance à un pays qui est important et qui peut rendre le vote impératif, mais cela ne veut nullement dire que les mêmes personnes vont voter pour les mêmes leaders si les élections se répétaient.
La preuve, seule une minorité de sénégalais est embrigadée dans les partis. Les autres observent le jeu partisan avec beaucoup de méfiance et ne s’occupent de la chose politique qu’au moment des élections.
Si donc la grande masse reste muette et indifférente, il est difficile de faire des projections sérieuses à moins de se baser sur les techniques de sondage fiables.
Et même là aussi, la marge d’erreur peut être importante en fonction des circonstances et du contexte du moment.
Car, il ne fait pas de doute que le ralliement de certains leaders à la majorité, la frustration engendrée par le limogeage de hauts responsables ont, entre autres, crée un sentiment de révolte au sein de certaines franges de la population.
Il s’y ajoute le rejet du manquement aux promesses, à la parole donnée et surtout cette propension à se dédire à tout bout de champ.
La preuve, dans un contexte de positionnement et de recomposition du jeu politique, il est difficile de savoir de quel côté l’opinion va se plancher.
Qui plus est, les populations ont une certaine culture politique, sont souvent assez mâtures pour bien évaluer une situation et prendre position le moment venu même si par ailleurs, l’achat de conscience est encore une réalité chez nous.
Il s’y ajoute le fait que quand un leader décide de rejoindre un camp quelconque, de l’opposition comme du pouvoir, cela ne veut absolument dire que ses partisans vont le suivre la tête baissée.
En clair, nous voulons faire remarquer que le jeu politique est tellement aléatoire, qu’il est très risqué de verser dans des calculs qui excluraient le libre arbitre des uns et des autres.
Même si le vote est encore sentimental dans notre pays et peut dépendre d’un service ponctuel rendu, il n’en reste pas moins que tout est possible et que le résultat n’est jamais acquis à l’avance.
C’est dire que, quelles que les calculs et les combinaisons politiques, seul le peuple reste maître de son destin et reste libre de choisir l’homme ou la femme qui lui conviendra parmi les candidats en lice.
Les hommes politiques sénégalais doivent se convaincre que ni l’argent ni les vastes coalitions ne peuvent mettre quelqu’un à l’abri des défaites.
Pour y remédier, il faudra, à tout moment, travailler à satisfaire les besoins des populations, ce qui, au finish, sont les vraies stratégies politiques et de communication qui tiennent.