Les quatre ex-policiers impliqués dans la mort de George Floyd inculpés

Le procureur général du Minnesota, Keith Ellison, a augmenté, mercredi, la gravité des accusations portées contre Derek Chauvin, désormais aussi accusé de meurtre au deuxième degré, et a inculpé les trois autres anciens agents qui l’accompagnaient.

L’ex-policier Chauvin, qui avait précédemment été accusé de meurtre au troisième degré et d’homicide involontaire, voit s’ajouter une accusation de meurtre au deuxième degré, pour laquelle il risque 40 ans de prison.

Ses trois anciens collègues font quant à eux face à des accusations de complicité de meurtre au deuxième degré et de complicité d’homicide involontaire. Ils risquent également une peine d’emprisonnement de 40 ans. Les trois anciens policiers comparaîtront jeudi devant un tribunal de Minneapolis.

Des mandats d’arrêt ont été lancés à leur endroit, a précisé M. Ellison qui a hérité, dimanche, du dossier qui était jusque-là dans les mains du bureau du procureur du comté de Hennepin.

Nous croyons fermement que ces développements sont dans l’intérêt de la justice pour M. Floyd, sa famille, cette communauté et notre État, a-t-il déclaré au cours d’une conférence de presse.

George Floyd importait. Il était aimé, sa famille était importante et sa vie avait de la valeur. Nous chercherons à obtenir justice pour lui et pour vous, et nous l’obtiendrons.

Keith Ellison, procureur général du Minnesota
Je ne crois pas qu’une poursuite judiciaire [qui aboutit à des condamnations] puisse rectifier la douleur et la perte que ressentent plusieurs personnes, a cependant reconnu M. Ellison, un ancien avocat spécialisé dans la défense des droits civiques, qui est connu pour ses critiques de la police.

Derek Chauvin a maintenu pendant plusieurs minutes son genou sur le cou de George Floyd qui a, dans un cri de désespoir resté vain, dit qu’il ne pouvait plus respirer.

Thomas Lane et J. Alexander Kueng l’ont aidé à maintenir au sol l’Afro-Américain de 46 ans. Le quatrième agent, Tou Thao, se tenait près d’eux, mais n’est pas intervenu.

Les quatre policiers avaient déjà été congédiés avant le dépôt des accusations.

Un défi de taille
Se disant conscient de l’impatience des gens qui désiraient le dépôt d’accusations, le procureur Ellison a insisté sur la nécessité de rassembler et d’examiner les preuves de façon rigoureuse.

Il a demandé aux citoyens de continuer de s’armer de patience. Il vaut mieux s’assurer de monter un dossier solide, s’appuyant sur une enquête exhaustive avant de se présenter en cour plutôt que de précipiter les choses, a-t-il déclaré, évoquant un travail qui pourrait nécessiter des mois.

Ajoutant que l’enquête se poursuivait, M. Ellison a encouragé quiconque croyant avoir des preuves à se manifester et à collaborer avec l’enquête.

Obtenir une condamnation sera difficile. Nous avons confiance en ce que nous faisons, mais l’histoire montre qu’il y a des défis évidents.

Keith Ellison
Une infime proportion de policiers ayant causé la mort d’Afro-Américains finissent par être condamnés. La quasi-totalité n’est même pas inculpée.

Selon le groupe Mapping Police Violence, qui recense le nombre d’Américains morts lors d’interventions policières, à peine 1 % des morts survenues entre 2014 et 2019 ont engendré des chefs d’accusation. Selon l’organisation, les Afro-Américains courent un risque trois fois plus grand d’être tués par des policiers.

M. Ellison a affirmé ne pas avoir été influencé par l’énorme pression populaire.

La famille Floyd et les manifestants, qui poursuivent leur mouvement de protestation pour une neuvième journée consécutive, trouvaient trop faibles les accusations retenues contre Chauvin et reprochaient aux autorités du Minnesota de ne pas avoir inculpé les trois autres policiers.

La famille Floyd réclame d’ailleurs davantage, espérant des accusations de meurtre au premier degré.

Keith Ellison a toutefois précisé que la loi du Minnesota exigeait la préméditation pour justifier un tel chef d’accusation.

Au-delà de la poursuite, les citoyens, les défenseurs des droits de la personne ainsi que les dirigeants politiques et religieux doivent commencer à réécrire les lois pour une société juste, a-t-il ajouté, plaidant pour l’adoption de lois et de politiques allant en ce sens, des villes jusqu’au fédéral.

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Sophie-Hélène Lebeuf (accéder à la page de l’auteur)
Sophie-Hélène Lebeuf
2020-06-03 | Mis à jour hier à 7 h 57
Le procureur général du Minnesota, Keith Ellison, a augmenté, mercredi, la gravité des accusations portées contre Derek Chauvin, désormais aussi accusé de meurtre au deuxième degré, et a inculpé les trois autres anciens agents qui l’accompagnaient.

L’ex-policier Chauvin, qui avait précédemment été accusé de meurtre au troisième degré et d’homicide involontaire, voit s’ajouter une accusation de meurtre au deuxième degré, pour laquelle il risque 40 ans de prison.

Ses trois anciens collègues font quant à eux face à des accusations de complicité de meurtre au deuxième degré et de complicité d’homicide involontaire. Ils risquent également une peine d’emprisonnement de 40 ans. Les trois anciens policiers comparaîtront jeudi devant un tribunal de Minneapolis.

Des mandats d’arrêt ont été lancés à leur endroit, a précisé M. Ellison qui a hérité, dimanche, du dossier qui était jusque-là dans les mains du bureau du procureur du comté de Hennepin.

Nous croyons fermement que ces développements sont dans l’intérêt de la justice pour M. Floyd, sa famille, cette communauté et notre État, a-t-il déclaré au cours d’une conférence de presse.

George Floyd importait. Il était aimé, sa famille était importante et sa vie avait de la valeur. Nous chercherons à obtenir justice pour lui et pour vous, et nous l’obtiendrons.

Keith Ellison, procureur général du Minnesota
Je ne crois pas qu’une poursuite judiciaire [qui aboutit à des condamnations] puisse rectifier la douleur et la perte que ressentent plusieurs personnes, a cependant reconnu M. Ellison, un ancien avocat spécialisé dans la défense des droits civiques, qui est connu pour ses critiques de la police.

Derek Chauvin a maintenu pendant plusieurs minutes son genou sur le cou de George Floyd qui a, dans un cri de désespoir resté vain, dit qu’il ne pouvait plus respirer.

Thomas Lane et J. Alexander Kueng l’ont aidé à maintenir au sol l’Afro-Américain de 46 ans. Le quatrième agent, Tou Thao, se tenait près d’eux, mais n’est pas intervenu.

Les quatre policiers avaient déjà été congédiés avant le dépôt des accusations.

Photos des trois policiers.
Alexander Kueng, Thomas Lane et Tou Thao sont accusés de complicité dans le meurtre de George Floyd.

PHOTO : RADIO-CANADA

Un défi de taille
Se disant conscient de l’impatience des gens qui désiraient le dépôt d’accusations, le procureur Ellison a insisté sur la nécessité de rassembler et d’examiner les preuves de façon rigoureuse.

Il a demandé aux citoyens de continuer de s’armer de patience. Il vaut mieux s’assurer de monter un dossier solide, s’appuyant sur une enquête exhaustive avant de se présenter en cour plutôt que de précipiter les choses, a-t-il déclaré, évoquant un travail qui pourrait nécessiter des mois.

Ajoutant que l’enquête se poursuivait, M. Ellison a encouragé quiconque croyant avoir des preuves à se manifester et à collaborer avec l’enquête.

Obtenir une condamnation sera difficile. Nous avons confiance en ce que nous faisons, mais l’histoire montre qu’il y a des défis évidents.

Keith Ellison
Une infime proportion de policiers ayant causé la mort d’Afro-Américains finissent par être condamnés. La quasi-totalité n’est même pas inculpée.

Selon le groupe Mapping Police Violence, qui recense le nombre d’Américains morts lors d’interventions policières, à peine 1 % des morts survenues entre 2014 et 2019 ont engendré des chefs d’accusation. Selon l’organisation, les Afro-Américains courent un risque trois fois plus grand d’être tués par des policiers.

M. Ellison a affirmé ne pas avoir été influencé par l’énorme pression populaire.

La famille Floyd et les manifestants, qui poursuivent leur mouvement de protestation pour une neuvième journée consécutive, trouvaient trop faibles les accusations retenues contre Chauvin et reprochaient aux autorités du Minnesota de ne pas avoir inculpé les trois autres policiers.

La famille Floyd réclame d’ailleurs davantage, espérant des accusations de meurtre au premier degré.

Keith Ellison a toutefois précisé que la loi du Minnesota exigeait la préméditation pour justifier un tel chef d’accusation.

Au-delà de la poursuite, les citoyens, les défenseurs des droits de la personne ainsi que les dirigeants politiques et religieux doivent commencer à réécrire les lois pour une société juste, a-t-il ajouté, plaidant pour l’adoption de lois et de politiques allant en ce sens, des villes jusqu’au fédéral.

Un pas « important » aux yeux de la famille
C’est un moment doux-amer, a déclaré l’un des avocats de la famille Floyd, Ben Crump, dans un communiqué. C’est un pas important sur la voie de la justice, et nous sommes heureux que cette action importante ait été intentée avant que le corps de George Floyd ne soit enterré. C’est une source de paix pour la famille de George en cette période douloureuse.

Le gouverneur du Minnesota, le démocrate Tim Walz, a lui aussi accueilli les accusations annoncées comme un pas significatif vers la justice pour George Floyd.

Nous devons également reconnaître que l’angoisse qui anime les manifestations dans le monde entier va plus loin qu’un seul épisode tragique, a-t-il toutefois averti.

Deux rapports ont conclu à l’homicide de George Floyd, mais ont montré des analyses divergentes des causes de sa mort.

Dans son rapport, le médecin légiste du comté de Hennepin, responsable de l’autopsie officielle, a estimé qu’il avait fait un arrêt cardiaque à cause de la pression exercée sur son cou.

Le rapport d’autopsie privé commandé par la famille Floyd a plutôt attribué sa mort à une asphyxie causée par une compression soutenue du cou et du dos ayant entraîné un manque de flux sanguin vers le cerveau.

Une enquête sur le service de police de Minneapolis
Le service de police de Minneapolis fait par ailleurs l’objet d’une plainte pour violation des droits civiques, déposée par le Minnesota, qui a ouvert une enquête sur ses pratiques.

Le gouverneur Walz, qui en a fait l’annonce mardi, a précisé que celle-ci porterait sur les pratiques, les politiques et les procédures en place au cours des 10 dernières années.

L’enquête, menée par la commission des droits de la personne du Minnesota, vise à déterminer si la force policière de Minneapolis, la plus importante de l’État, s’est livrée à des pratiques discriminatoires systémiques à l’égard des minorités visibles et [à] s’assurer que de telles pratiques prennent fin.

Un article du New York Times publié en matinée indiquait que la police de Minneapolis avait sept fois plus souvent recours à la force contre les Afro-Américains, qui sont pourtant minoritaires, que pour les Blancs.