Les questions d’énergie au centre de la visite de Macron en Inde

Dimanche 11 mars, au deuxième jour de sa visite à New Delhi, le président français Emmanuel Macron a appelé à la mobilisation pour aider les pays les plus pauvres à mieux profiter de l’énergie solaire en suivant l’exemple de l’Inde. Pour le dernier jour de sa visite, le président français doit inaugurer ce lundi matin la centrale solaire de Mirzapur, près de Bénarès, construite pas le groupe français Engie.

Les questions d’énergie occupent une place importante dans cette visite d’Etat. Emmanuel Macron s’est joint dimanche à une vingtaine de dirigeants venus d’Asie, d’Afrique ou d’Océanie pour lancer officiellement l’Alliance solaire internationale (Asi), une coalition issue de la COP21.

« Nous devons lever tous les obstacles et changer d’échelle » pour développer l’énergie solaire, a lancé Emmanuel Macron à l’ouverture du sommet de l’Asi, qu’il coprésidait dans la matinée avec le Premier ministre indien.

L’Alliance solaire veut offrir l’ « écosystème » rassemblant les solutions technologiques, les ressources financières et les capacités de production de masse pour les 121 pays situés entre les tropiques du Cancer, a expliqué le Premier ministre indien Narendra Modi.

Centrale solaire à Bénarès

L’objectif de l’Alliance solaire est de mobiliser 1 000 milliards de dollars pour développer 1 TW (térawatt) d’énergie solaire en 2030. L’effort français s’élèvera à un milliard d’euros de prêts et de dons d’ici à 2022, a annoncé Emmanuel Macron.

Les questions d’énergie occupent une place importante dans cette visite de trois jours car Emmanuel Macron et Narendra Modi inaugureront ce lundi une centrale solaire de 100 MW à Mirzapur, près de Varanasi (Bénarès), construite par le groupe français Engie.

REPORTAGE
La formation me sert à (…) former mes sœurs pour qu’elles aussi deviennent les “mamans solaires”, afin que chacun puisse s’en sortir, puisque là-bas (en Côte d’Ivoire) nous vivons beaucoup la pauvreté.

Dans l’après-midi de dimanche, le président Macron s’est adressé à la communauté française expatriée, à laquelle il a assuré qu’il allait « continuer à réformer en profondeur le pays ». « Ça ne s’arrêtera ni demain, ni après-demain, dans les trois prochains mois », a-t-il précisé.

Le chef de l’État s’est ensuite entretenu avec Rahul Gandhi, président du Parti du Congrès (opposition) et héritier de la célèbre dynastie politique indienne. Les deux hommes ont notamment évoqué la polémique soulevée par le Congrès autour du coût des 36 avions de chasse Rafale achetés par New Delhi en septembre 2016, a indiqué l’Élysée.

En fin de journée, le président français s’est offert, avec son épouse Brigitte, une escapade au Taj Mahal, lieu incontournable pour les dignitaires étrangers en déplacement en Inde. Le couple présidentiel a ainsi assisté à un impressionnant coucher de soleil sur le célèbre mausolée moghol.


Bénarès, une étape importante pour Narendra Modi

Avec notre correspondant à New Delhi,  Sébastien Farcis

Narendra Modi avait emmené les dirigeants chinois et japonais dans sa région d’origine du Goujarat, où ils se sont entretenus sur une balançoire ou dans l’ashram de Gandhi, le président français, lui, a le droit à une balade bucolique sur le Gange. Ces étapes régionales sont importantes pour Narendra Modi, un homme de province qui cherche à montrer la réalité indienne à ses hôtes. Et c’est aussi pour lui une manière habile d’afficher devant le monde entier une certaine intimité avec les plus grands chefs d’Etat.

Bénarès est en plus symbolique ; c’est sa circonscription et l’une des villes hindoues les plus sacrées : le Premier ministre du Parti nationaliste hindou veut donc attirer Emmanuel Macron dans ce paradigme religieux, qui envahit la politique indienne actuelle, quitte à réécrire l’histoire, ignorer la science et réprimer la minorité musulmane. Le président français est pour l’instant silencieux sur ces importantes tensions communautaires. Reste à voir s’il s’exprime publiquement sur le sujet lors des dernières heures de sa visite d’Etat.

rfi