Lettre d’un citoyen à la classe politique sénégalaise.

Chers politiques !

Qu’il me soit permis de m’acquitter de cette obligation sociale qui constitue sans doute l’un des socles majeurs de la société sénégalaise, louée pour son hospitalité et le sens du partage. J’aimerais en effet commencer cette contribution en invoquant des prières de paix, de cohésion sociale et de stabilité pour notre pays qui nous est commun. Cela dit, voici la teneur de ma contribution que je vous adresse sous forme de lettre.

L’heure a changé ! En tout cas c’est l’impression ou l’observation que j’ai de notre écosystème politique sénégalais. Ça promet donc ! Ou pour reprendre une formule bien usitée chez moi # La marmite bouillonnante dégage d’ores et déjà les bulbes d’un avenir radieux pour la démocratie au Sénégal #. L’aiguille de la boussole semble ainsi repointer vers le Nord. Nous nous dirigeons donc vers une nouvelle conception et une nouvelle appréhension de la compétition/confrontation politique. Cela ne doit surprendre guère ! En effet, c’est une exigence démocratique que de voir les interactions qui structurent les rapports des acteurs politiques se fonder sur des propositions/contre-propositions programmatiques. Et à vous, chers #politiques # de nous inscrire, et mieux de nous maintenir dans cette trajectoire ! Cela n’est non plus, non moins qu’un impératif.
Évidemment, cette posture nécessite et impose de rompre avec les vieilles habitudes politiciennes. Vous en conviendrez certainement avec nous. Ce nouvel esprit démocratique requiert donc de se départir et de faire tabula rasa de la culture de la passivité, de la facilité, de la promotion de la médiocrité. Et ainsi Honneur sera donc à la démocratie au Sénégal que de voir bannies à jamais les futiles polémiques et des propos dans l’Hémicycle qui ternissent l’image de notre cher Sénégal. Honneur nous sera, à cet égard, fait d’assister à ce renouveau où l’on assistera à un traitement et des discussions sérieuses sur les réelles souffrances du Peuple-roi.

Chers politiques !

Nous exigeons de nos dirigeants, que vous êtes, de « l’élégance politique ». Ce qui implique donc une responsabilité de part et d’autre des composantes de la classe politique sénégalaise. Le Sénégal, c’est une « vitrine démocratique », entend-on souvent dire. Effectivement, des arguments militent en faveur de ce postulat. Néanmoins, il existe des pratiques qui n’honorent guère cette démocratie « majeure » tant chantée et brandie par nos dirigeants politiques. On ne saurait y être exhaustif. Nous citerons les insultes politiques venant de tout bord de la classe politique ; les diffamations et accusations gratuites formulées dans l’unique but de discréditer l’adversaire politique ; les débats politiques aux orientations crypto-personnelles ; la prégnante instrumentalisation des institutions…etc. D’aucuns se justifierons et prétexterons que la politique relève de la contingence, une confrontation qui repose sur la fameuse maxime, interprétée en sa guise # la fin justifie les moyens #. Hélas.

Chers politiques !

L’exigence est donc opportune et légitime. Comme le mimétisme est chose courante chez vous, copiez donc de ceux-là ce qui constituera une avancée consolidante pour notre cher Sénégal. J’aimerais ici nommer l’exigence de débats publics, qui reposent sur des propositions et contre-propositions programmatiques.

Les lignes argumentatives ici sont celles d’un citoyen -certainement pas le plus instruit ou le plus crédible- qui voit en son pays un peuple en désir constant d’innovation, de volonté politique, et de dynamisme de ses dirigeants en vue de l’inscrire dans l’orbite perpétuel de l’essor et de lendemain meilleur. Le souffle démocratique se nourrit sans cesse d’un sentiment d’incomplétude, il est sans cesse renouvelé par des aspirations constantes du Peuple.

Chers politiques !

Dorénavant, la promesse n’engage plus que ceux qui y croient. Nous les appréhendons désormais différemment. Les promesses engagent et lient ceux qui les formulent à l’endroit du citoyen-électeur. Nous vous apprécierons et apprécierons vos politiques en tenant compte et pour compte vos promesses. Nous faisons de la parole donnée un baromètre à l’aune de laquelle nous mesurerons vos actes. Comprenez-le ainsi et assumez-en donc la responsabilité ! Sinon, la rue vous le rappellera.

Chers politiques !

Nous prônons et exigeons la rupture dans le volet programmatique pour le développement de notre cher Sénégal. Cette rupture, elle se conçoit ainsi. Il ne s’agit plus d’une *alternance programmatique*, qui accompagne l’alternance politique (changement de personnel dirigeant) au sommet de l’État. Par # alternance programmatique #, nous entendons un changement de programme de développement qui s’opère par le truchement de l’arrivée d’une nouvelle équipe dirigeante. Alors qu’au fond ces programmes jusqu’ici mis en œuvre, partagent en réalité les mêmes soubassements : dictés de l’extérieur et hors adéquation des besoins des populations locales. Chers politiques, nous prônons et exigeons # l’alternative programmatique #, c’est-à-dire des programmes dorénavant conçus, auto-entretenus, et prenant les réelles aspirations du peuple en vue d’impulser le développement endogène. Agissez donc en votre qualité de représentants du peuple en son nom et selon ses intérêts.

Chers politiques !

Nous ne formulons point des vœux pieux. Nos exigences sont des revendications légitimes à votre égard. Le nouvel esprit démocratique que nous prônons c’est aussi la valorisation de la culture du dialogue. L’histoire nous enseigne que la culture du dialogue traverse foncièrement notre société sénégalaise et africaine, même si cette réalité est parfois sciemment dissimulée par l’historiographie dominante. Nul besoin de s’y attarder.

Seulement, il est à vous rappeler l’importance du dialogue social, politique dans la marche de toute société dans la dynamique du # changement positif # pour reprendre un camarade étudiant B. M. Œuvrez donc à perpétuer cet héritage légué par nos aïeux. Il ne s’agit plus de simulacres de dialogues, ni non plus des occasions politiques pour lancer des discrédits à l’endroit du pouvoir en place. La posture est autre. Elle requiert une volonté politique de part et d’autre. Elle implique une démarche inclusive, transparente et basée sur la sincérité, sur le respect mutuel entre acteurs engagés dans le jeu politique sénégalais.

Pourvu simplement que nous soyons compris ! Nous disons enfin qu’il nous faut une élite politique qui soit à l’image de nos aspirations. Une élite politique, doublement responsable, envers elle-même et redevable envers le Peuple. La première responsabilité fait davantage à appel un sens élevé du devoir que chacun, et ici de tout acteur politique, doit s’efforcer de remplir (pris individuellement). La seconde responsabilité lui est imputable en raison de sa mission de porte-voix de la société. Une réponse positive, venant de vous chers politiques, s’avère un “pronostic vital pour continuer à espérer, nourrir et entretenir le souffle démocratique”.
Citoyen sénégalais

Dramé Sounkarou Manding
Etudiant Master I Science politique
Université Gaston Berger