L’Europe de l’Est touchée de plein fouet par la guerre en Ukraine

L’Europe de l’Est touchée de plein fouet par la guerre en Ukraine
A woman takes supplies in the direction of the Ukraine border from Romania, following Russia's invasion of Ukraine, at the border crossing in Siret, Romania, March 23, 2022. REUTERS/Clodagh Kilcoyne

Gros plan sur l’économie des pays frontaliers de l’Ukraine, les plus exposés à la guerre. Et donc les premiers à en subir le contrecoup économique.

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D’abord parce qu’ils accueillent massivement les millions d’Ukrainiens fuyant les combats. Parmi les 4,6 millions de réfugiés répertoriés par le HCR, plus de la moitié sont passés par la Pologne et une très large majorité d’entre eux s’y trouvent encore.

La Roumanie, la Moldavie, la Hongrie ou la Slovaquie hébergent aussi plusieurs centaines de milliers d’Ukrainiens. Ces pays doivent recevoir une aide européenne pour faire face à cette charge, une enveloppe de 20 milliards d’euros a été dégagée par Bruxelles. Mais cette augmentation soudaine de la population résidant chez eux fait pression sur la demande en logement, en alimentation, en énergie. Autant de produits qui déjà sont de plus en plus chers à cause de la flambée des matières premières.

Parmi les pays membres de l’Union européenne, l’inflation dépasse déjà la barre des 10%
+10% en Roumanie et en Pologne, +12,7% en République tchèque. Du jamais vu depuis 15 à 20 ans. Ce sont surtout les prix de l’énergie qui augmentent, suivis de ceux de l’alimentation, et c’est un fardeau pour les ménages. Se chauffer et faire le plein absorbe le quart du revenu en Europe de l’Est, contre 8-9% en moyenne en France.

L’envolée des prix a déjà contaminé celle des salaires, ils ont augmenté de 13% en Hongrie où l’inflation est à 8,5%. Dans ces pays non membres de la zone euro les banquiers centraux ont déjà fortement relevé les taux sans parvenir pour le moment à endiguer ce tsunami des prix.

Les pays d’Europe de l’Est souffrent-ils des perturbations du commerce avec la Russie ?
L’impact est modéré parce que leurs échanges avec la Russie ont fortement baissé. Ils avaient grimpé en flèche à partir des années 2000. Mais depuis 2014, l’année de l’invasion de la Crimée et de l’embargo européen contre la Russie, ils dégringolent.

Les exportations des nouveaux membres de l’UE vers l’ex-grand frère soviétique sont aujourd’hui inférieures à 3%. Leur commerce est plutôt orienté vers l’Allemagne qui leur sous-traite une grande partie de son activité industrielle. Leur talon d’Achille, ce sont les produits intermédiaires en provenance de Russie. Ils représentent jusqu’à 25% des besoins de la Bulgarie par exemple. Et c’est bien sûr le gaz.

Car la plupart de ces pays sont encore très dépendants du gaz russe
La Russie fournit 100% du gaz consommé en République tchèque, 95% en Hongrie, un pays où cette source d’approvisionnement est critique puisque le gaz représente le tiers de son « mix » énergétique. C’est 85% pour la Slovaquie où le gaz couvre le quart de la consommation énergétique. Si l’embargo sur le gaz russe venait à être décidé par les Vingt-Sept, cela coûterait très cher à tous ces pays.

Certains d’entre eux sont prêts à en assumer la charge. La Slovaquie et la République tchèque s’y préparent en reconnaissant que cela ne se fera pas en un jour. La Pologne veut tourner la page au plus vite. Elle prévoit de renoncer au charbon puis au gaz et au pétrole russe d’ici à la fin de l’année. Une position qui repose sur une politique de diversification mise en place avant le conflit en Ukraine. En revanche, pour la Hongrie du populiste Viktor Orban, l’ami de Vladimir Poutine, c’est une ligne rouge qui reste infranchissable.

► EN BREF
La croissance française revue à la baisse à cause de la guerre en Ukraine

Selon la Banque de France, la croissance va se tasser à 0,25% au premier trimestre, c’est moitié moins que sa précédente prévision. C’est l’industrie automobile qui souffre le plus, ses approvisionnements ont été très affectés par le conflit en Ukraine. La croissance annuelle à 4% promise par Bercy en début d’année parait aujourd’hui hors de portée.

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