Le 4 août, une double explosion ravageait Beyrouth. Selon les derniers décomptes, le drame aurait fait plus de 5 000 blessés, mais ce chiffre n’inclus que les blessés physiques. Aucun rapport n’a pour l’instant recensé les victimes psychologiques de l’explosion. Angoisses, dépressions et stress post-traumatiques… Les psychiatres libanais alertent sur les différentes pathologies à laquelle des milliers de beyrouthins font face depuis la catastrophe.
Avec notre correspondant à Beyrouth, Noé Pignède
C’est une immense tente blanche planté face à l’hôpital Saint George. Un hôpital de fortune, installé dans l’urgence juste après par l’explosion du 4 août qui a partiellement détruit la bâtiment.
Après avoir demandé l’accord d’un patient, une psychiatre nous autorise à assister à une consultation aux urgences psychiatriques. Comme la plupart des Beyrouthins qui fréquentent le centre ces dernières semaines, il souffre de troubles psychiatriques depuis l’explosion.
« Mon problème, c’est surtout le bruit. J’entends des bruits, même si ça s’améliore un peu, explique-t-il. Ce ne sont pas des voix, ce sont des bruits qui me perturbent ».
Des traumatismes ravivés par l’explosion
« Quand vous entendez un objet se casser, ou le bruit d’un pot d’échappement, ça vous fait peur ? », le questionne la psychiatre Léa Aoudé. « Ça va un peu mieux qu’avant, mais oui toujours, lui répond son patient. Vous savez, dans mon quartier, tout a été détruit. Nous étions sous une pluie de verre. Il y avait du sang partout. On a failli y passer ».
Chaque jour, le docteur Aoudé reçoit des dizaines des victimes de l’explosion du 4 août. Mais dans ce pays marqué par la guerre, le drame ravive aussi les traumatismes du passé. « J’ai eu un cas très intéressant aujourd’hui. Une femme de 75 ans, à qui personne n’a jamais diagnostiqué de pathologie psychiatrique… Mais depuis l’explosion du port, elle revit la guerre civile libanaise à travers des retours en arrière et des cauchemars », explique-t-elle.
Angoisses, dépressions et stress post-traumatiques… Pour cette psychiatre qui a elle-même perdu sa maison dans l’explosion, le drame du 4 août aura des conséquences durables sur la santé mentale des Libanais.
rfi