Le gouvernement indien a mis un terme à l’autonomie constitutionnelle du Cachemire, ce lundi 5 août. Une décision explosive pour cette région en proie à une insurrection séparatiste et très disputée avec le Pakistan.
Les autorités nationalistes hindoues ont passé un décret présidentiel abolissant le statut spécial de l’État du Jammu-et-Cachemire, qui était garanti par la Constitution indienne. L’annonce en a été faite au Parlement par le ministre de l’Intérieur Amit Shah, au milieu d’un tumulte assourdissant venant des rangs de l’opposition.
Le décret présidentiel « entre en vigueur immédiatement, et remplace aussitôt » les articles constitutionnels relatifs au Jammu-et-Cachemire, en particulier l’article 370, selon un texte diffusé par le gouvernement.
Depuis 1949, le Cachemire, qui avait rejoint l’Union indienne un an après les autres États à la suite d’une guerre indo-pakistanaise, avait un statut de très large autonomie, en raison de son écrasante majorité musulmane.
Articles 370 et 35A
L’article 370, incorporé à la Constitution, donnait les instruments de cette autonomie, en limitant notamment les pouvoirs du gouvernement central de New Delhi aux domaines de la sécurité extérieure et de la diplomatie.
Un autre article, l’article 35A, permettait de choisir qui était Cachemiri de la part des autorités locales, en sachant que seuls les Cachemiris pouvaient acheter de la terre et avoir des emplois publics.
Cette révocation est donc un véritable séisme, d’autant qu’elle intervient par un simple décret présidentiel alors qu’il s’agissait d’une disposition constitutionnelle.
Tensions régionales
Ces derniers jours, New Delhi a envoyé 35 000 soldats supplémentaires. Les dirigeants locaux ont été mis en état de résidence surveillée hier. Internet et le téléphone ont été coupés. On a demandé aux touristes qui se trouvaient au Cachemire d’évacuer le territoire. Le pèlerinage d’Amarnath a été annulé.
Avec cette annonce, il y a un risque de déflagration régional. Le Cachemire est une source de tension permanente entre l’Inde et le Pakistan. Une partie du Cachemire est occupée par le Pakistan. Il y a de nombreux attentats en Inde qui sont commis par des mouvements autonomistes ou séparatistes cachemiris avec l’aide des services pakistanais. Et le Cachemire a été l’enjeu de quatre guerres depuis 1948 entre l’Inde et le Pakistan.
Islamabad attentive
Côté pakistanais, les autorités appellent donc les habitants du Cachemire à la vigilance. Dimanche, une réunion du comité de sécurité nationale pakistanais était consacrée à la situation dans la région. Le Premier ministre Imran Khan a accusé l’Inde de « nouvelles actions agressives ». Le Pakistan accuse son voisin d’avoir utilisé des bombes à sous munitions contre des civils.
Aux abords de la ligne de contrôle qui sépare les deux pays, les habitants qui n’ont pas fui vers d’autres villages ont récemment fait installer des bunkers, des abris souterrains pour se protéger des bombardements et des échanges de tirs lors des fréquents heurts entre soldats de part et d’autre de la frontière.
Dans ce contexte de tensions diplomatique, La situation au Cachemire indien fait la Une de la presse pakistanaise ce lundi avec en gros titre la révocation du statut spécial de la région. L’ONU a appelé les deux voisins à faire preuve de retenue, rappelle notre correspondante à Islamabad, Sonia Ghezali.
rfi