En Islande, cette île située au nord-ouest de l’Europe, les prix à la consommation étaient en moyenne 56 % plus élevés que dans le reste de l’Europe en 2018 selon les données actualisées fin juin par Eurostat.
Une margarita, simple pizza avec de la mozzarella, des tomates et du basilic, à 2 400 couronnes soit 17 euros, même tarif pour une bouteille de vin dans le commerce et une douzaine d’œufs facturée jusqu’à cinq euros. Les fortes fluctuations de la devise islandaise enregistrées en 2016-2017 ont conduit à une hausse généralisée des prix. La couronne n’avait jamais été aussi forte depuis presque 10 ans en juin 2017.
Un autre facteur important vient justifier cette flambée des prix : l’insularité de l’Islande. Sa faible population d’un peu moins de 360 000 habitants est particulièrement dépendante aux biens importés qui sont étroitement réglementés, notamment dans l’agriculture. Les produits à base d’œufs crus ou encore de lait non pasteurisé font face à d’importantes barrières douanières et sanitaires.
Enfin, le niveau des taxes imposées, par exemple sur les ventes d’alcool où une bouteille peut être taxée jusqu’à 95 % de son prix, explique en partie les prix élevés pratiqués sur l’île volcanique.
Pour autant si la critique du caractère particulièrement dispendieux d’un séjour en Islande revient régulièrement dans la bouche des touristes qui sont par ailleurs enchantés de leur voyage, les Islandais eux ont moins de difficultés.
Un niveau de salaire moyen plus élevé qu’en Europe
Pour interpréter l’augmentation du coût de la vie, il faut aussi prendre en compte le niveau des salaires en Islande qui est parmi les plus élevés d’Europe en moyenne. Hagstofa Íslands, l’institut statistique national, a publié il y a quinze jours les données pour 2018 et révélé que le salaire médian était à 632 000 couronnes avant impôts pour un emploi à temps plein soit l’équivalent d’environ 4 500 euros bruts. Ce qui signifie donc aussi un pouvoir d’achat relativement élevé ou en tout cas en adéquation avec le niveau de vie pour une vaste majorité de la population.
Vers des changements économiques
Les indicateurs économiques montrent les signes d’un affaiblissement cette année. La monnaie locale s’est dépréciée d’environ 11 % au cours du second semestre 2018 et l’inflation a augmenté au premier trimestre 2019 à plus de 3 %.
Les prévisions de croissance pour cette année par la Banque centrale et l’institut statistique national ont été revues à la baisse. Elles varient, mais les deux organismes prévoient un ralentissement de l’économie pour la première fois depuis 10 ans.
Cette dégradation des perspectives s’explique par une contraction attendue du tourisme que la faillite de la compagnie aérienne WOW Air en mars va accentuer. Mais également les difficultés dans le secteur de la pêche et particulièrement l’absence de la lucrative pêche au capelan cette année.
Une forte récession pourrait entraîner une baisse du pouvoir d’achat des Islandais et conduire à une augmentation des prix des biens et des services, mais une baisse des prix de logement, selon la Chambre de Commerce d’Islande.
rfi