Après de longues négociations pour éviter un veto russe, le Conseil de sécurité de l’ONU a adopté samedi 24 février à l’unanimité une résolution réclamant un cessez-le-feu humanitaire d’un mois en Syrie. Le texte « réclame que toutes les parties cessent les hostilités sans délai pour au moins trente jours consécutifs en Syrie pour une pause humanitaire durable ». La Russie qui soutient de manière indéfectible le régime de Bachar el-Assad a approuvé ce texte après une série de négociations de dernière minute.
Avec notre correspondante à New York,Marie Bourreau
La pression a été maximale sur la Russie qui est l’alliée des Syriens au sein du Conseil de sécurité pour aboutir à ce consensus qui n’était pas gagné d’avance. Cela fait trois jours que le Conseil de sécurité négocie cette trêve.
Le texte prévoit une cessation des hostilités d’un mois qui doit permettre l’arrivée de l’aide humanitaire et l’évacuation des blessés. « C’est une réponse minimale aux tragédies des Syriens » a convenu l’ambassadeur français à l’ONU François Delattre qui a pris la parole en assurant qu’il ne pouvait s’agir que d’une première étape.
Le prochain défi : faire appliquer la trêve sur le terrain
Des tractations ont eu lieu une bonne partie de la journée de samedi pour trouver un compromis. Elles ont porté sur le langage qui stipule quand cette trêve doit démarrer. Les diplomates se sont mis d’accord pour qu’elle débute sans délais en retirant la mention initiale des 72h et la Russie a promis de ne pas en faire une interprétation subjective.
Le prochain défi sera de faire effectivement appliquer cette trêve sur le terrain par le régime syrien. L’ambassadrice américaine Nikki Haley a appelé à lui donner sa chance. « A n’en pas douter, a-t-elle affirmé, cette trêve sera mise à l’épreuve mais il faut qu’elle soit activement appliquée, c’est la seule manière de restaurer la crédibilité de ce Conseil. Nous le devons aux Syriens à qui nous avons fait défaut ».
Les groupes jihadistes exclus du cessez-le-feu
L’ambassadeur français a lui aussi regretté ce sursaut tardif du Conseil de sécurité mais il a espéré que cette trêve puisse être utilisée comme un levier pour briser la spirale négative en Syrie et relancer des négociations pour une solution politique.
Des exclusions au cessez-le-feu pour les combats contre les groupes jihadistes Etat islamique et Al-Qaïda sont prévues. A la demande de Moscou, elles intègrent aussi « d’autres individus, groupes, entités, associés avec Al-Qaïda et l’EI, ainsi que d’autres groupes terroristes désignés par le Conseil de sécurité ». Ces exclusions peuvent donner lieu à des interprétations contradictoires, Damas qualifiant de « terroristes » les rebelles soutenus par l’Occident. Le respect du cessez-le-feu pourrait ainsi être aléatoire.
RFI