L’ancien chef des forces armées maliennes a laissé le village d’Ogossagou sans protection au début de l’année malgré de nombreux avertissements d’un massacre imminent dans lequel 35 personnes sont mortes, selon un rapport des Nations Unies.
L’incident met en évidence un échec des forces de sécurité maliennes à protéger les civils, ce qui sape les efforts visant à mettre fin à la spirale de la violence ethnique et djihadiste dans la région du Sahel en Afrique de l’Ouest, a-t-il déclaré.
En février, le chef de l’armée Keba Sangare a permis à une unité militaire chargée de protéger Ogossagou dans le centre du Mali de se retirer malgré des appels téléphoniques répétés et des messages sur une attaque probable, selon le rapport vu par Reuters vendredi avant sa publication officielle.
À peine dix heures plus tard, une milice de l’ethnie dogon a attaqué le village d’éleveurs peuls, tuant 35 personnes, dont des femmes et des enfants aussi jeunes que quatre ans.
«Les victimes ont été chassées dans les buissons, certaines ont été mutilées et d’autres décapitées», indique le rapport compilé par le groupe d’experts de l’ONU sur le Mali.
Un an plus tôt, le massacre de 160 civils à Ogossagou avait poussé le président Ibrahim Boubacar Keita à ordonner qu’une unité de l’armée soit positionnée dans la zone pour protéger le village.
Sangare «a donné une fausse assurance à sa hiérarchie, y compris au ministre de la Défense, que l’unité ne partirait pas avant l’arrivée de l’unité de remplacement», selon le rapport.
L’armée n’a pas répondu à une demande de commentaire. Sangare n’a pas pu être joint pour commenter.
Après l’attaque, Sangare a été suspendu et remplacé plus tard, mais l’incident a ajouté à la colère du public face à l’incompétence perçue des autorités qui a conduit à des manifestations à grande échelle cet été appelant à la démission de Keita.
Le Mali a eu du mal à retrouver la stabilité depuis qu’un soulèvement de 2012 des Touaregs dans le nord a été détourné par des militants islamistes liés à Al-Qaïda.
La France, ancienne puissance coloniale, est intervenue en 2013 pour repousser les militants. Mais malgré la présence de milliers de soldats de la paix, des groupes islamistes ont refait surface, alimentant les rivalités ethniques pour stimuler le recrutement et déstabiliser la région.