Désormais, les 5 membres permanents du Conseil de sécurité de l’ONU devront justifier de leur recours au véto. Chine, Russie, États-Unis, France et Royaume-Uni sont les seuls pays de la planète à disposer de ce droit de bloquer une résolution des Nations unies. La réforme qui a été adoptée mardi 26 avril à New York, où siège l’ONU, était envisagée depuis plusieurs années mais l’idée a été relancée par l’invasion de l’Ukraine, alors que la Russie est la championne du véto. Elle l’a utilisé 143 fois depuis que l’ONU a été créée au lendemain de la Seconde Guerre mondiale. L’obligation de justifier un véto pourra-t-elle réduire son utilisation ?
La Russie a utilisé son droit de véto à une dizaine de reprises depuis le début de la guerre en Syrie en 2011 pour bloquer des résolutions, y compris sur des cessez-le-feu ou sur l’aide humanitaire. Aurait-elle hésité à le faire si elle avait dû s’en justifier devant le reste du monde?
Même question à propos des dizaines de vétos dégainés par les États-Unis pour torpiller des résolutions condamnant la politique israélienne dans les territoires palestiniens occupés ?
Des limites au fonctionnement actuel
On peut en douter, d’autant que la réforme adoptée à l’ONU n’est même pas contraignante. Le pays membre du Conseil de sécurité ayant fait usage du véto aura dix jours pour s’en expliquer devant les 193 pays membres de l’Assemblée générale de l’ONU, sauf s’il ne veut pas le faire.
Alors, faute d’avoir un effet concret, ce changement révèle une fois de plus les limites du fonctionnement actuel de l’ONU. Rappelons qu’un projet de réforme du Conseil de sécurité prévoit de l’élargir, notamment pour représenter l’Afrique. Brésil, Inde, Japon, Allemagne sont aussi des pays qui souhaitent intégrer un futur Conseil de sécurité moins fermé, mais cela fait déjà 40 ans que ce projet de réforme est inscrit à l’ordre du jour de l’ONU.