Le chef de file de l’opposition vénézuélienne, Juan Guaido, est rentré mardi à Caracas après sa tournée internationale et a appelé à poursuivre la mobilisation contre le pouvoir de Nicolas Maduro.
L’opposant est arrivé à l’aéroport international de Maiquetia, qui dessert Caracas, qu’il a ensuite quitté au milieu des invectives et échauffourées entre ses supporters, dont plusieurs députés, et des partisans du président vénézuélien Nicolas Maduro, selon des journalistes de l’AFP.
« Guaido, fasciste! », ont crié les travailleurs de la compagnie aérienne d’Etat vénézuélienne Conviasa, sanctionnée le 7 février par les Etats-Unis, après avoir pénétré dans la zone où des députés et des journalistes attendaient l’opposant.
Quelques instants auparavant, il avait été aspergé d’un soda par une employée de Conviasa. « Ce petit spectacle était prévisible », a réagi Juan Guaido en riant, selon une vidéo diffusée sur les réseaux sociaux.
Des membres du corps diplomatique attendaient également l’opposant.
M. Guaido est ensuite monté à bord d’un véhicule blanc en direction de la capitale.
« Nous sommes à Caracas. J’apporte l’engagement du monde libre, prêt à nous aider à retrouver la démocratie et la liberté (…) Le moment est arrivé », avait écrit l’opposant sur Twitter à l’atterrissage de son avion.
« Aujourd’hui, plus que jamais, l’unité, la confiance et la discipline politique sont nécessaires », a ajouté le chef du Parlement, reconnu comme président par intérim du Venezuela par près de soixante pays, dont les Etats-Unis.
M. Guaido a ensuite participé à une réunion publique où il a appelé, devant environ 500 partisans, à de nouvelles manifestations contre le pouvoir. « Nous sommes venus ici pour travailler (…) pour faire tout ce qui est nécessaire pour atteindre l’objectif » de renverser Nicolas Maduro, a-t-il lancé.
Les autorités loyales à M. Maduro n’ont pas pris de mesures contre M. Guaido à son retour au Venezuela. Mais le service de presse de l’opposant a annoncé dans la nuit de mardi à mercredi qu’un de ses proches qui voyageait avec lui, son oncle Juan Marquez, avait « disparu » après avoir été « retenu » par des fonctionnaires de l’aéroport.
Juan Guaido est rentré à Caracas à bord d’un vol de la compagnie portugaise TAP, en provenance de Lisbonne, après avoir bravé pour la deuxième fois une interdiction de sortie du territoire émise par les autorités.
Fin février 2019, il s’était rendu en Colombie pour tenter, en vain, de faire entrer de l’aide humanitaire stockée à la frontière avec le Venezuela, avant d’entreprendre une tournée en Amérique latine. Il avait regagné Caracas le 4 mars.
– « Distraire » –
Juan Guaido, 36 ans, a débuté une tournée internationale de 23 jours le 19 janvier. Il s’est à nouveau rendu en Colombie, ainsi que dans plusieurs pays européens, au Canada et aux Etats-Unis.
Il a été reçu à la Maison Blanche par le président américain Donald Trump qui a promis de briser la « tyrannie » du président socialiste vénézuélien Nicolas Maduro.
Les Etats-Unis, principal allié de l’opposant, ont averti le pouvoir de M. Maduro que Juan Guaido devait pouvoir rentrer en toute sécurité au Venezuela après sa tournée.
Dans une brève allusion à son opposant, le chef de l’Etat vénézuélien a appelé mardi ses partisans à ne pas se laisser « distraire ».
« Ne nous laissons pas distraire par des stupidités, des absurdités, par des traîtres au pays, concentrons nos efforts sur la défense du Venezuela », a déclaré le président socialiste lors d’une cérémonie au palais de Miraflores, à laquelle assistaient des employés de Conviasa.
Lundi, le numéro 2 du régime, Diosdado Cabello, avait affirmé qu’il « ne se passera(it) rien » lorsque Juan Guaido rentrerait au Venezuela.
« Personne ne sait quand va prendre fin sa promenade touristique. En vérité, cela ne nous touche pas (…) Il ne se passera rien. Il n’est rien et le rien ne peut rien provoquer d’autre que du rien », avait déclaré M. Cabello.
En un an, la popularité du chef de file de l’opposition, qui tente, sans succès, depuis plus d’un an d’évincer Nicolas Maduro, a chuté, passant de 63% à 38,9%, selon le cabinet Datanalisis.
Les tentatives récentes de l’opposant de remobiliser les Vénézuéliens pour manifester contre le gouvernement ont été un échec, alors que le pays traverse une profonde crise économique qui a poussé à l’exil 4,5 millions de personnes.