«L’ordre international» au menu du Quad: l’ombre de la Chine a plané sur la réunion de Tokyo

«L'ordre international» au menu du Quad: l'ombre de la Chine a plané sur la réunion de Tokyo

Les Etats-Unis, l’Inde, le Japon et l’Australie s’opposent à tout « changement du statu quo par la force », en particulier en Asie-Pacifique, a déclaré le Premier ministre nippon Fumio Kishida à l’issue d’une réunion à Tokyo de l’alliance Quad qui regroupe ces quatre pays.

« Alors que l’invasion de l’Ukraine par la Russie ébranle les principes fondamentaux de l’ordre international », les dirigeants américain, indien, australien « et moi-même sommes d’accord sur le fait que les tentatives unilatérales de changer le statu quo par la force ne seront jamais tolérées nulle part, particulièrement dans la région indo-pacifique », a déclaré le Premier ministre japonais Kishida à l’issue de la réunion.

Le Quad s’oppose à tout changement de statu quo par la force, mais dans sa déclaration finale, il évite de condamner la Chine et la Russie, souligne notre correspondant à Tokyo, Frédéric Charles. Pourquoi cette prudence du Quad envers la Russie ? Parce que l’Inde refuse de condamner l’invasion de l’Ukraine. Les États-Unis, l’Australie et le Japon se servent du Quad pour courtiser l’Inde qui tient à son statut de non-aligné. Les quatre pays ne veulent pas non plus être perçus comme défiant ouvertement la Chine. Dans leur déclaration, Taïwan n’est pas mentionné.

Le Quad va investir 50 milliards de dollars dans du soft power dans les cinq prochaines années. Des projets d’infrastructures pour nouer des liens avec les nations du Pacifique comme les îles Salomon qui ont conclu un pacte de sécurité avec Pékin. La Quad veut mettre en place un système de surveillance maritime pour suivre les activités chinoises dans la région comme la pêche illégale.

« L’origine du Quad et ce rapprochement entre l’Inde, le Japon, l’Australie et les États-Unis, c’est une inquiétude commune face à la Chine. Et donc, évidemment, ce partenariat va continuer de se renforcer, et d’ailleurs de se diversifier, puisqu’on a vu que depuis l’arrivée au pouvoir du président Biden, les questions d’infrastructures, les questions de production de vaccins, sont désormais traitées au niveau du Quad », rappelait sur notre antenne Antoine Bondaz, chercheur à la Fondation pour la recherche stratégique, au micro de Heike Schmidt du service international.
La Quad cimente à Tokyo son alliance informelle, mais il ne constitue pas encore un bloc anti-chinois. Lundi, le président américain Joe Biden avait affirmé que son pays défendrait Taïwan en cas d’invasion de l’île autonome par les forces de Pékin. Il a cependant précisé ce mardi que « l’ambiguïté stratégique » de Washington, consistant à ne reconnaître diplomatiquement que la Chine continentale tout en s’engageant à donner à l’île autonome les moyens militaires pour se défendre en cas d’invasion, restait inchangée.

RFI