Trois ministres sont en déplacement, ce vendredi 11 octobre, à Rouen dans le nord-ouest de la France. Un peu plus de deux semaines après l’incendie de l’usine Lubrizol, Elisabeth Borne, chargée de l’Environnement, Agnès Buzyn, ministre de la Santé et Didier Guillaume, ministre de l’Agriculture, vont dévoiler le résultat de nouvelles analyses et lancer un comité pour « la transparence et le dialogue ».
Plusieurs jours après l’incendie de l’usine Lubrizol, la défiance vis-à-vis des pouvoirs publics est grande chez les habitants de la région rouennaise. Simon de Carvalho, membre d’un collectif créé juste après l’incendie et qui rassemble plus de 26 000 personnes, attend beaucoup de la réunion avec les ministres : « Nous attendons déjà de l’État qu’il pointe du doigt les responsables, il y a forcément des responsables dans cette situation. Notre santé a été impactée, la gestion de cette crise a été calamiteuse, maintenant enfin on a cette liste, c’est quand même incroyable qu’on mette dix jours pour avoir une liste de produits et pour savoir exactement ce qu’on a inhalé, donc ils viennent, j’espère vraiment, avec un vrai plan d’action, une vraie prise de conscience. »
« Il faut plus de transparence »
« Les écoles, continue cet habitant de Rouen, boivent encore l’eau du robinet, ce n’est pas normal ; principe de précaution : on va chercher dans d’autres sources de l’eau. Les analyses sont faites tous les combien ? Toutes les heures ? Tous les jours ? On ne sait pas, il faut plus de transparence, il faut vraiment beaucoup plus d’informations, tout le monde minimise, quoi. On ne peut pas laisser passer, normalement on devrait être en catastrophe technologique ici, c’est une entreprise qui a déversé son poison dans la ville, évidemment qu’on devrait être en catastrophe. Mais l’État a du mal à le dire. »
Les trois ministres présents à Rouen ce vendredi pour tenter de rassurer la population vont lancer un comité pour « la transparence et le dialogue ». L’initiative est accueillie avec prudence par le maire de Rouen, Yvon Robert : « Trois ministres, ça montre que le gouvernement prend très au sérieux cette catastrophe, nous l’avons demandé, nous avons dit que nous ne pouvons pas faire comme si c’était un accident par hasard […]. Nous souhaitons la vérité, nous voulons la transparence, je veux dire de ce point de vue là, ça correspond exactement à ce que nous souhaitons, je pense qu’une réunion comme celle-là ne suffira pas. »
Le sinistre est-il vraiment maîtrisé ?
« Et puis, continue l’élu rouennais, même si aujourd’hui ça commence à s’éloigner, nous sommes toujours atteints par des odeurs qui se promènent, des odeurs aléatoires, qui arrivent, qui disparaissent, qui reviennent, et donc on a le sentiment que la catastrophe n’est pas encore terminée, l’accident lui-même n’est pas encore terminé, et donc là nous voudrions bien savoir quel est le point de vue de l’État sur cette réalité-là, au fond est-ce que l’accident est vraiment terminé ou non. »
rfi