Macky et Wade entrent en campagne

Avec ses déclarations à l’emporte-pièce, particulièrement séditieuses, Me Abdoulaye Wade, l’ancien Président, arrive à focaliser l’attention sur sa personne alors qu’il n’est pas candidat et n’en a pas.

Son objectif est cependant en partie atteint : Il ravit la vedette aux candidats déclarés et espère, ainsi, installer la peur et le doute dans le camp adverse.

Wade qui souhaite donner une autre tournure à la campagne, vise directement Macky Sall, celui qui a mis un coup de frein aux ambitions de son fils Karim.

En effet, pour une rare fois depuis son départ du pouvoir, et face aux offensives de Macky, le Pape du sopi est déterminé à mener, à sa manière, les opérations de contre-attaque, en ne restant pas seulement sur la défensive comme il l’a fait jusqu’ici, mais en devenant offensif.

Il se complait dans un jeu dangereux, parce que de guérilla, une forme de combat politique non-conventionnelle. Il est alors déterminé à porter l’estocade à Macky.

Ce dernier, cependant, répond par le mépris. En dehors de quelques allusions à peine voilée, il adopte une contre-stratégie, celle qui consiste à ignorer Wade. Car, connaissant l’homme, Macky sait que c’est le plus grand mal que l’on peut faire au patron du Pds.

Macky continue donc tranquillement ses activités, marquant des points sur une opposition qui avait déclaré qu’elle allait l’empêcher de battre campagne.

Moralité, en politique, il faut avoir les moyens de sa politique. Et comme cette même opposition est sur le terrain de la campagne,  Wade a, quant à lui, décidé de se battre, presque seul.

Là aussi, Macky souhaite marquer des points contre lui. C’est tout le sens des déclarations de son porte-parole Seydou Guèye. La déclaration qu’il a faite en filigrane, c’est que les élections vont se tenir dans la paix et la tranquillité, contrairement à ce qu’annonce Wade. Et c’est justement la réaction que le patron libéral attendait.

Donc, contrairement aux apparences, Macky est bel et bien entré en campagne contre Wade. Les deux se livrant, certainement, leur dernier combat.

Sans être candidat, le secrétaire général du Pds annonce l’entrée en campagne pour jouer les trouble-fêtes. Une stratégie à ne pas négliger.

En effet, cette forme de bataille politique non-conventionnelle initiée par Wade, une première certainement au Sénégal, aura pour effet non pas d’empêcher la tenue des élections comme il le dit, mais de ternir, au maximum, l’image du candidat sortant. Le message de Wade est très suivi par l’opinion et ce dernier ne va jamais rater une seule occasion de sortir des ‘’dossiers’’ les uns les plus salés et sensibles que les autres.

En somme, cela veut dire quoi ? Eh bien cela veut dire qu’après longue réflexion, Wade est décidé à apporter à la campagne cette touche d’agitation qui lui manquait.

Et la réaction de Seydou est exactement ce qu’il attendait. Il voulait que Macky réagisse en brandissant la nécessité du maintien de l’ordre public. Et face aux policiers et aux gendarmes, Wade va opposer des chairs à canon. Il connait l’importance de la victimisation et également la capacité d’empathie d’un peuple pour les plus faibles. Alors, il va jouer sur cette corde à fond si l’adversaire, en face, joue le jeu.

Il sait qu’à la présidence et dans certains milieux chargés de la sécurité, c’est l’alerte-rouge car ses déclarations sont prises au sérieux. Et c’est un des objectifs recherchés.

La démarche de Wade est somme toute dangereuse. Elle peut aboutir à des situations dramatiques que personne ne souhaite.

Malheureusement, il y a longtemps que nos médiateurs sociaux ont atteint leur limite de réunir les protagonistes autour d’une table.

Or, Wade ne s’arrêtera que lorsque des médiateurs, digne de confiance, le lui auront demandé et même supplié de le faire.

Alors, il pourra, comme le dit Bougane, changer de fusil d’épaule parce qu’il a saura qu’il aura ôté toute volonté à qui que ce soit de ne pas respecter les règles du jeu électoral.

Pour le moment, Wade ne va pas du tout changer de stratégie tant que celle adoptée ne lui aura pas apporté une certaine satisfaction.