Macron sonne la mobilisation face au coronavirus

Emmanuel Macron a annoncé jeudi la fermeture à partir de lundi des établissements scolaires en France pour tenter de freiner la propagation du coronavirus dans le pays où se tiendra toutefois comme prévu le premier tour des élections municipales dimanche dans des conditions sanitaires “strictes”.

Avec 61 morts et 2.876 contaminations, la France est le deuxième foyer épidémique du coronavirus en Europe, un virus apparu en décembre en Chine avant de se propager à travers le monde, poussant de nombreux pays à adopter des mesures drastiques pour tenter de freiner la contagion.

Face à la “plus grave crise sanitaire qu’ait connue la France depuis un siècle”, l’urgence est de protéger nos compatriotes les plus vulnérables, a souligné le chef de l’Etat français dans une allocution télévisée solennelle d’une vingtaine de minutes à l’Elysée.

Toutes les personnes âgées de plus de 70 ans, ainsi que celles qui souffrent de maladies chroniques ou de handicap, vont donc être invitées à rester chez elles et à limiter au maximum leurs déplacements, a-t-il annoncé.

Pour autant, “rien ne s’oppose à ce que les Français, même les plus vulnérables, se rendent aux urnes dimanche” pour le premier tour des municipales.

“Mais il conviendra de veiller au respect strict des gestes barrières contre le virus et des recommandations sanitaires”, a insisté Emmanuel Macron, au lendemain de la publication d’une circulaire comprenant une série de mesures drastiques destinées à rassurer les électeurs.

A l’image d’autres pays européens, crèches, écoles, collèges, lycées et universités seront fermés à partir de lundi et jusqu’à nouvel ordre. “Pour une raison simple : nos enfants et nos plus jeunes, selon les scientifiques, sont celles et ceux qui propagent, semble-t-il, le plus rapidement le virus”, a expliqué Emmanuel Macron.

Un service de garde sera mis en place région par région pour permettre que les “personnels indispensables à la gestion de la crise sanitaire puissent faire garder leurs enfants”.

“QUOI QU’IL EN COÛTE”
Les entreprises sont quant à elles appelées à permettre au maximum à leurs employés de travailler à distance. Concernant le chômage partiel, l’Etat prendra en charge les salariés contraints de rester chez eux et toutes les entreprises pourront reporter sans justification le paiement des impôts et cotisations dus en mars.

“Tout sera mis en oeuvre pour protéger nos salariés et pour protéger nos entreprises, quoi qu’il en coûte”, a assuré Emmanuel Macron.

Les transports publics seront quant à eux maintenus – “car les arrêter ce serait tout bloquer y compris la possibilité de soigner” – mais les Français sont invités à “limiter leurs déplacements au strict nécessaire”.

La trêve hivernale, pendant laquelle les locataires ne peuvent être expulsés de leur logement, sera prolongé de deux mois et des mesures “exceptionnelles” seront prises pour les plus fragiles, a encore détaillé le président de la République.

Dans les hôpitaux, les soins non essentiels seront reportés et le maximum de médecins et de soignants seront mobilisés, y compris les étudiants et les jeunes retraités, a ajouté le chef de l’Etat, qui estimé qu’il faudrait “tirer les leçons” et “interroger le modèle de développement dans lequel s’est engagé notre monde depuis des décennies”.

“Ce que révèle cette pandémie, c’est qu’il est des biens et des services qui doivent être placés en dehors des lois du marché”, a-t-il estimé. “Déléguer notre alimentation, notre protection, notre capacité à soigner, notre cadre de vie, au fond à d’autres, est une folie.”

Au lendemain de l’annonce par Donald Trump de l’interdiction du sol américain aux ressortissants de 26 pays européens, Emmanuel Macron a fait savoir qu’il échangerait vendredi avec le président américain “pour lui proposer une initiative exceptionnelle entre les membres du G7 puisque c’est lui qui est à la présidence”.

L’ÉCUEIL DU “REPLI NATIONALISTE”
“Ce n’est pas la division qui permettra de régler” cette crise mondiale”, a-t-il dit. “Nous devons aujourd’hui éviter” l’écueil “du repli nationaliste. Ce virus n’a pas de passeport, il nous faut unir nos forces, coordonner une réponse, coopérer.”

“Nous aurons sans doute des mesures de contrôle, des fermetures de frontières à prendre mais il faudra les prendre quand elles seront pertinentes et à l’échelle européenne”, a-t-il insisté.

Le chef de l’Etat n’est toutefois pas allé jusqu’à annoncer officiellement le passage au stade 3 de l’épidémie, passage pourtant jugé “inexorable” par le Premier ministre Edouard Philippe début mars, le directeur général de la Santé, Jérôme Salomon évoquant lui un passage “dans les prochains jours”.

Le stade 2 de la gestion de l’épidémie – qui consiste à tout mettre en oeuvre pour freiner la propagation du virus – a été déclenché le 28 février. Il précède le stade 3 qui consiste à atténuer les effets de l’épidémie.

Les mesures annoncées ce jeudi s’ajoutent à celles prises ces dernières semaines, dont l’interdiction des rassemblements de plus de 1.000 personnes et la suspension des visites aux personnes âgées dans les Ehpad (établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes).