Madagascar: Andry Rajoelina, retour gagnant

Selon les résultats provisoires publiés par la Céni jeudi, Andry Rajoelina a remporté l’élection présidentielle malgache. L’ex-président de la transition arrive cette fois au pouvoir par les urnes.

DJ dans les soirées branchées de la capitale, entrepreneur, chef de parti, président non élu puis chef d’Etat choisi par les Malgaches. Andry Rajoelina a eu plusieurs vies.

Il a 34 ans en 2009, lorsqu’il force le président de l’époque, un certain Marc Ravalomanana, à démissionner. Il prend le pouvoir et devient alors le plus jeune dirigeant africain en exercice. L’homme quitte la sphère politique en 2014, quand la communauté internationale refuse sa candidature à la présidentielle. Il apporte alors son soutien à un candidat, son ancien ministre des Finances, Hery Rajaonarimampianina.

Pendant cinq ans, Andry Rajoelina ne s’exprime pas, mais reste chef de son parti, le MAPAR. Pour finalement réapparaître début 2018 avec une idée en tête : remporter l’élection présidentielle et acquérir sa légitimité démocratiquement. Une discrétion qui lui a permis de réapparaître en homme nouveau. « Pendant tout ce temps, je me suis préparée pour sauver Madagascar », répète-t-il depuis son retour. Une stratégie qui avait pour but de montrer qu’il ne répéterait pas les erreurs commises lorsqu’il était président de la transition. Une période pendant laquelle il avait été critiqué pour son inexpérience.

Président de la province et des plus modestes

Communication léchée, moyens faramineux, comme ses arrivées en meeting en hélicoptère : Andry Rajoelina ne recule devant rien pour convaincre la population, jusqu’à promettre de faire de Tamatave, une ville située sur la côte Est, un nouveau Miami. Dans son programme, plus mesuré, il se revendique de la social-démocratie et cite Gehrard Schröder et Tony Blair. Mais Andry Rajoelina a surtout beaucoup misé sur le vote des provinces et notamment des côtes. Enchaînant jusqu’à dix meetings par jour dans les différentes régions de Madagascar, faisant rêver la population avec des promesses de construction de grandes infrastructures. Ses habitants ont massivement voté pour lui.

Autres électeurs à qui il a su parler : les habitants des bas quartiers. Quand Marc Ravalomanana a lui plutôt obtenu le plébiscite de la bourgeoisie Merina, dans le centre de l’île. Un vote insuffisant pour l’emporter.

Autre point plus superficiel, mais qui a joué en sa faveur le jour de l’élection, c’est la jeunesse d’Andry Rajoelina, 44 ans. C’est d’ailleurs sur cela qu’il a bâti une bonne partie de sa campagne, rappelant à chacun de ses meetings que Madagascar avait besoin d’un président jeune et dynamique, n’hésitant pas à se moquer de l’âge de Marc Ravalomanana, 69 ans.

Ce fils de colonel, issu de la classe moyenne, sera même parvenu à faire oublier son passé de président non élu en réussissant le pari de se faire élire démocratiquement dix ans après ce que l’essentiel de la communauté internationale avait qualifié de coup d’Etat.

 

Rfi