À un an de l’élection présidentielle malgache, des partis politiques réclament une mise à jour des lois électorales pour y intégrer le plafonnement des dépenses de campagne. Les campagnes électorales sont souvent synonymes de dépenses colossales à Madagascar : grands meetings, concerts, distributions de casquettes ou de t-shirts à l’effigie des candidats. Elles font même partie des plus couteuses au monde.
Plafonner les dépenses de campagne pour plus d’équité entre les candidats, c’est le sujet qui fait débat actuellement sur la Grande île. Et il était au cœur des discussions organisées par la plateforme de la société civile Rohy.
Pour Luc Rakotonirina, membre du HVM, le parti de l’ancien président Hery Rajaonarimampianina, il est encore temps de réviser les lois électorales pour aller vers des élections intègres. « Il y a un candidat qui injecte 150 millions de dollars pour une campagne alors qu’il y en a d’autres qui n’ont que quelques millions de dollars. Comment voulez-vous qu’il y ait une égalité des chances ? », interroge-t-il. Et d’ajouter : « Est-ce qu’on veut continuer à appliquer la loi existante, qui est vraiment bancale et qui est l’origine de la crise postélectorale ? La société civile, partis politiques, syndicats évoquent ce problème ».
Augustin Andriamananoro, en charge des projets présidentiels et représentant du parti Mapar/TGV, se dit préoccupé « par la sincérité des votes lorsqu’on met l’argent comme enjeu majeur pour acheter une voix ou mettre de la pression ». Pour lui, le plafonnement des dépenses de campagne n’est pas si évident, notamment à cause de la taille du pays. « On a un territoire aussi vaste que la France, la Belgique et le Luxembourg réunis. Donc pendant les périodes de campagne électorale, il est évident que pour faire des déplacements dans les 23 régions, il faut des gros moyens », explique M. Andriamananoro. « Il faut mobiliser nos bases politiques, effectuer des déplacements aériens et hélicoptère terrestre, donc le plafonnement des fonds, ce n’est pas quelque chose de si aisé », ajoute-t-il.
Dans un rapport publié au mois de juin, la mission de suivi électoral de l’Union européenne évoquait « l’absence de limite et de contrôle effectif du financement des campagnes politiques » comme faisant partie « des points préoccupants ». Et selon une étude financée par l’Union européenne en 2016, les élections malgaches feraient même partie des plus couteuses au monde.