Le Magal de Touba est abordé cette année dans un contexte de pandémie. Ce qui suscite des craintes. Face à une telle situation, des experts mourides en épidémiologie et en santé publique, en concertation avec d’autres spécialistes, se sont penchés sur la problématique. Ils ont expliqué les scénarii qui peuvent se dessiner. Ils ont formulé des recommandations pour contribuer à la réflexion des organisateurs du Magal, notamment le Comité d’organisation et les autorités publiques. Nous vous proposons ci-dessous les conclusions de leur rapport.
«L’analyse de la problématique de la célébration du Magal de Touba 2020, dans un contexte de propagation du Covid-19, a montré que cet évènement comporte une multitude de dimensions (religieuse, économique, sociale, politique etc.) très importantes. Des dimensions qui en font un évènement unique, d’envergure internationale.
Toutefois, en dépit de ces impacts significatifs et positifs, sur beaucoup de plans, le Magal de Touba, du fait de l’affluence exceptionnelle qu’elle suscite et de certaines réalités socioculturelles du Sénégal, peut exposer à des risques accrus de transmission de maladies infectieuses. A l’instar du Covid-19 dont la pandémie est en train de se propager actuellement au Sénégal et dans le monde.
La prise de conscience de ce nouveau contexte de crise sanitaire, dû au Coronavirus, constitue un défi sans précédent à la célébration traditionnelle du Magal de Touba dont les modalités intègrent des rassemblements, la promiscuité et d’autres aspects fortement infectiogènes.
Pour éviter tout effet de propagation exponentielle du Covid-19, à travers les rassemblements du Magal de Touba, deux scénarii ont été envisagés :
La première de ces options, qui nous semble la plus facile à mettre en œuvre et moins porteuse de risques sanitaires, consiste à inviter les fidèles à commémorer cette année le départ en exil de Cheikh A. Bamba chez eux, sans la nécessité de se réunir à Touba. Comme ce fut le cas lors des récents grands évènements religieux de la communauté mouride (célébrés en « mode confinement »).
A défaut de choisir cette option, pour diverses raisons, les organisateurs du Magal seront néanmoins invités à mettre en œuvre, en collaboration avec les pouvoirs publics, un ensemble de mesures et d’initiatives majeures pour, au moins, tenter de limiter les effets de propagation tant redoutés. Comptant, ce faisant, sur la grande capacité de mobilisation, d’unité, de résilience et d’esprit d’initiative de la communauté mouride, sous le Ndigël éclairé de son Khalife.
Toutefois, les inconvénients de cette seconde alternative consistent aux difficultés et obstacles liés à l’application des mesures et initiatives préconisées. Notamment la non-appropriation, par les populations ciblées, des messages de prévention et de respect des mesures barrières leur étant transmis, de même que les problèmes classiques d’organisation, de suivi, de coordination des activités etc.
Ces difficultés sont, à notre avis, de nature à rendre très aléatoires l’atteinte des objectifs d’endiguement du virus durant le Magal, si celui-ci donne lieu à des rassemblements, même si elles ne le rendent pas impossible.
Quelle que soit la décision qui sera prise par les autorités mourides compétentes, nous prions le Seigneur, par la bénédiction de Cheikh A. Bamba, de donner une longue vie à Serigne Mountakha, pour le bien de l’Islam et pour son action multiforme pour la nation sénégalaise.
Nous L’implorons également, Lui, le Tout-Puissant, de préserver tous les mourides, tous les sénégalais et tous les êtres humains de ce fléau mondial qu’est devenu le Covid-19.»
igfm