Entre le lundi 2 et le mardi 3 août, le Sénégal a vécu plus de 24 heures de pluies enchaînées sur l’ensemble de son territoire. Il y a quelques années, un tel phénomène aurait entrainé inévitablement des sinistres de très grande ampleur. Certes, il y a eu des dégâts regrettables et les populations qui en sont victimes ont notre compassion et notre solidarité. Mais il y a 10 ans, on aurait vécu pire. Les systèmes d’évacuation, submergés (là où ils auraient existé), auraient laissé les eaux envahir des quartiers et des habitations pour s’en emparer, chassant les occupants.
On aurait alors vu dans la rue des centaines de familles en quête d’abri avec ce qu’elles pourraient prendre de leurs bagages.
Si aujourd’hui, à ce stade, on a pu éviter un tel scénario, c’est parce que le Plan décennal de lutte contre les inondations (Pdli) lancé par le Président Macky Sall dès la fin de l’hivernage 2012 et que certains ont tenté de noyer dans la désinformation l’année dernière à la même période, a rempli sa fonction. Il a rendu le pays plus résistant face aux fortes pluies et à leurs effets collatéraux. On n’en attendait pas davantage et il serait illusoire d’en attendre davantage.
Il faut le dire clairement, il n’est pas impossible, si les précipitations se maintiennent à un certain niveau, que les forces de la nature finissent par surmonter les ouvrages que leur oppose l’homme. Mais si cela se présentait, on pourrait quand constater qu’on aura résisté beaucoup plus que par le passé. Cela ne saurait en aucune manière dévoyer le PDLI.
Prétendre que des politiques publiques pourraient éradiquer totalement des phénomènes tels que les inondations, c’est simplement assumer le ridicule. Si cela était envisageable, les USA, pays le plus riche, le plus puissant, le plus avancé sur le plan technologique et modèle de bonne gouvernance à l’échelle mondiale, en auraient fini depuis très longtemps avec les effets dramatiques des tempêtes et ouragans qui désolent périodiquement leur côte orientale, et aussi des incendies dévastateurs intervenant plusieurs fois dans l’année sur leur côte occidentale. Précisément, au moment où l’on parle, la Californie a déjà vu près de 200 mille hectares de son territoire consumés par les flammes avec tout ce qui s’y trouvait (y compris un village du nom de Greenville rayé du paysage comme ce fut le cas il y a 3 ans avec la ville de Paradise dans la même zone). Ce grand Etat américain est confronté à l’incendie baptisé Dixie-Fire qui y brûle depuis la mi-juillet et dévore tout sur son passage.
Ailleurs, des pluies comparables à celles qui sont tombées au Sénégal début août ont entraîné une vague d’inondations qui a emporté plus de 150 vies humaines en Allemagne, plus d’une dizaine en Belgique où la ville de Liège a été évacuée, des dégâts matériels importants aux Pays-Bas et au Luxembourg pour ne citer que ceux-là.
En Asie, le Japon, la Chine et l’Inde ont tous été sinistrés et endeuillés par le même phénomène, dans la même période.
Dans notre voisinage proche, le Niger a déjà enregistré plus de 30 morts provoqués par des inondations cette année.
Les faits démontrent clairement que le Sénégal est devenu beaucoup plus résilient face à cette calamité hivernale, mais aussi qu’aucun pays au monde, quels que soient ses moyens et son engagement, ne saurait réduire le risque à zéro.
Les marchands d’illusions en quête de clients à qui fourguer leur projet bidon d’un monde sans inondation continueront à surfer sur la douleur des populations qui pourraient demain subir le sinistre. Leurs pratiques de tous les jours démontrent à suffisance qu’il n’ont rien de cette humanité décrite par Antoine de Saint-Exupery, qui repose sur la responsabilité. Ils ne sont jamais fiers d’une victoire remportée en face et n’éprouvent la moindre honte devant la misère des autres.
Mais le peuple, lui, est bien humain et responsable.
Maïssa Mahecor Diouf
Alliance pour la république