Maladie mystérieuse : «L’infection n’est ni virale ni bactérienne…»

Maladie mystérieuse : «L'infection n'est ni virale ni bactérienne…»
Maladie mystérieuse : «L'infection n'est ni virale ni bactérienne…»

Le voile se lève un peu sur la mystérieuse maladie qui affecte plusieurs centaines de pêcheurs à Thiaroye, entre autres localités du pays. Selon les résultats partiels des analyses effectuées sur les prélèvements de sang et d’urine, la maladie contractée par les pêcheurs n’est ni virale ni bactérienne.

Pendant que le ballet des pêcheurs infectés en haute mer se poursuit au poste de santé de Thiaroye-sur-mer, les résultats partiels des tests effectués sur les malades sont tombés. Accroché hier jeudi, à la Maison de la Femme aménagée pour accueillir des pêcheurs malades, le chef du service départemental des pêches de Pikine, venu à leur chevet, s’est voulu formel. «La contamination bactérienne ou virologique est écartée», a expliqué Ibra Mbaye, selon qui, la seule piste plausible porte désormais sur «une contamination chimique à travers l’eau de la mer».

Il faut relever que les résultats partiels livrés hier ont été obtenus à la suite d’analyses effectuées sur «du sang et des urines» des pêcheurs atteints. Peu après, le chef du service départemental des pêches de Pikine, le ministre de la Santé, Abdoulaye Diouf Sarr, livrant à son tour, les résultats des premières analyses, a écarté l’origine virale de la maladie, évoquant à la place la piste d’une contamination d’origine toxique sans être toutefois formel.

«Nous avons demandé à l’Institut Pasteur, mais aussi à nos équipes, notamment le Centre antipoison, de regarder la question en termes d’investigation. Ce n’est pas lié au Covid-19, les tests étant revenus négatifs. On n’a pas non plus vu la présence de virus, ce qui nous fait penser à une origine toxique, mais nous ne pouvons pas à cet instant-là le dire», a fait savoir le ministre Abdoulaye Diouf Sarr hier jeudi, en fin de journée.

Le ministre de la Santé rassure également sur la contagion tant redoutée par les populations qui ont vécu ou continuent de vivre dans le même espace que les pêcheurs infectés. N’ayant pas constaté une propagation de la maladie dans les domiciles, Abdoulaye Diouf Sarr et ses services considèrent qu’il n’y a pas de crainte que la maladie soit contagieuse. Prudent, le ministre s’est toutefois empressé de relever que lui et ses services seront plus précis dans les heures qui viennent.

Les soins tardifs font gronder de colère les parents des pêcheurs malades

Si les riverains de la maison de la Femme fuient tout contact avec les pêcheurs infectés en mer par la mystérieuse maladie, les parents et proches des malades n’en ont cure. Eux ne redoutent aucune contamination. Hier jeudi, ils ont afflué à la maison de la Femme pour dénoncer la prise en charge médicale qu’ils jugent insuffisante et tardive. Ils ont encore élevé la voix pour surtout réclamer la présence physique des médecins.

«Il ne suffit pas de les garder ici et de leur assurer la nourriture. Ils ont besoin de soins et ne peuvent pas attendre», ont rouspété les parents. Et comme pour leur donner raison, des malades qui tenaient encore sur pied ont vu leur santé se dégrader rapidement. 14 parmi ces cas devenus graves ont été acheminés vers le centre de santé de Mbao, au moment où 6 autres ont été évacués vers des structures sanitaires au plateau médical plus relevé après une rapide dégradation de leur état de santé.

Le médecin dément et déroule les étapes des différents soins

Pourtant, cette prise en charge tardive dénoncée par les proches des pêcheurs malades a été vigoureusement démentie par un médecin s’exprimant sous le couvert de l’anonymat. Le document à la main, le médecin, visiblement très secoué par cette sortie des parents des malades, confie qu’un protocole sanitaire a été établi dès les premières heures de l’apparition de la maladie.

«Dès que le premier cas âgé de 20 ans a été reçu en consultation le 12 novembre 2020, présentant des éruptions cutanées, une tuméfaction du visage, une sécheresse des lèvres et rougeur des yeux, après interrogation et établissement d’un premier diagnostic, un traitement à base d’antihistaminique, d’antibiotiques, de pommade, de Bétadine dermique, antalgique et antipyrétique a été institué», explique-t-il. Une réactivité saluée par le ministre Abdoulaye Diouf Sarr qui a félicité l’équipe du district de Mbao et de la Région médicale.

ALASSANE HANNE