Malaisie: le roi va gracier l’opposant Anwar Ibrahim

Au lendemain de sa prestation de serment, Mahathir Mohamad, le nouveau Premier ministre, dont la coalition d’opposition a remporté les législatives après 60 ans de domination du parti jusque-là au pouvoir, annonce que le roi accepte de gracier immédiatement l’opposant Anwar Ibrahim. Celui-ci purge depuis trois ans une peine de prison pour sodomie. Une première grande décision politique.

Avec notre correspondante dans la région,Carrie Nooten

C’est une décision forte, qui montre bien que les plus hautes instances de l’état ont décidé d’entériner le résultat des élections et permettre à la Malaisie d’aller de l’avant. En graciant immédiatement Anwar Ibrahim, actuellement hospitalisé en prison, le roi porte un camouflet au Premier ministre déchu Najib Razak et dissipe tout flottement qui pourrait se créer post élection.

Et, déjà, on se rappelle en Malaisie que Mahathir avait promis qu’en cas de victoire, il laisserait rapidement sa place à Anwar, une fois celui-ci sorti de prison. Si l’homme de 92 ans s’était senti un « devoir » de rassembler l’opposition, c’était surtout pour aider son pays, plutôt que de briguer un second poste de premier ministre à son âge avancé.

Mahathir Mohamad (droite) et Anwar Ibrahim (gauche), alors respectivement Premier ministre et ministre des Finances, lors de la présentation du budget devant le Parlement de Malaisie, le 17 octobre 1998.REUTERS/David Loh/File Photo

Le pardon total dont bénéficierait Anwar et son accession à la tête du gouvernement marqueraient la fin du feuilleton à rebondissement que les deux hommes ont écrit ensemble.

Anwar Ibrahim a d’abord été le protégé de Mahathir, puis son ennemi juré. Il a même été condamné dans une affaire de mœurs alors que Mahathir était encore premier ministre en 1998. Puis, en remportant le vote populaire il y a cinq ans, Anwar est devenu une menace pour le parti au pouvoir et, comme par hasard, a été condamné dans une nouvelle affaire très controversée.

Il y a quelques mois, Anwar et Mahathir ont créé la surprise en s’alliant, lorsque l’ancien mentor charismatique a décidé, après une pause de 15 années, de suppléer celui qui ne pouvait physiquement se présenter. Ils ont gagné leur pari. La Malaisie, paralysée politiquement depuis cinq ans, va peut-être pouvoir enfin reprendre le cours de sa modernisation.

 

rfi