« Le poste de sécurité de Guiré, dans le cercle de Nara (près de la frontière mauritanienne, NDLR), a fait l’objet d’une attaque violente et complexe aux environs de 5 heures. Les FAMA (Forces armées maliennes) déplorent 11 morts, des blessés et des dégâts matériels », a indiqué dans la soirée de ce dimanche le ministère malien de la Défense. Plus tôt dans la journée, une source sécuritaire malienne avait fait état d’un bilan « d’au moins 12 morts, dont le commandant du poste, un capitaine ».
« Les assaillants se sont retirés avec une quinzaine de morts dans leurs rangs », a précisé le ministère, qui indique également que « des renforts aériens et terrestres ont été immédiatement dépêchés pour secourir les blessés, occuper le poste et procéder au ratissage ».
« Les tirs étaient comme la pluie »
Le 17 mars, une attaque djihadiste contre un camp de l’armée à Dioura (centre), près de la frontière avec le Burkina-Faso, avait déjà coûté la vie à près de 30 soldats maliens. Et samedi, un Casque bleu égyptien de la Minusma a été tué et quatre membres de son unité blessés par l’explosion d’une mine au passage de leur convoi près de la frontière avec le Burkina-Faso, selon l’ONU. Le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, a condamné l’attaque visant le contingent égyptien. « Les forces de la (mission de paix) Minusma ont répondu, tuant un assaillant et en arrêtant huit autres », a précisé le chef de l’ONU.
À Guiré, « les terroristes sont venus de la forêt du Wagadou », refuge depuis des années des islamistes maliens, a expliqué une source sécuritaire, selon qui les assaillants sont arrivés « à moto et à bord de véhicules pick-up ». « Ils ont attaqué le camp, des véhicules ont été brûlés, d’autres emportés ». Des habitants de Guiré joints par l’Agence France Presse (AFP) ont raconté la violence de l’assaut. « Les tirs étaient comme la pluie. Les militaires ont été surpris », a confié l’un d’eux.
Consultations pour désigner un nouveau Premier ministre
Les attaques du weekend sont intervenues au moment où le président Ibrahim Boubacar Keïta poursuit ses consultations pour désigner un nouveau Premier ministre, après la démission jeudi du gouvernement de Soumeylou Boubèye Maïga. Le Premier ministre a jeté l’éponge moins d’un mois après la tuerie de quelque 160 civils peuls à Ogossagou, près de la frontière avec le Burkina Faso, commise par des membres présumés de groupes de chasseurs dogons.
Ce massacre avait entraîné une série de manifestations hostiles au gouvernement pour dénoncer la gestion de l’État et l’insécurité persistante. L’un des principaux meneurs de la fronde, l’imam Mahmoud Dicko, a quitté dimanche la présidence du Haut conseil islamique du Mali (HCIM), au terme de son mandat, où il est remplacé par Chérif Ousmane Madani Haïdara, influent prêcheur considéré comme plus proche du pouvoir.
Le gouvernement avait dans la foulée de la tuerie d’Ogossagou remplacé les principaux chefs d’état-major et prononcé la dissolution de l’association de chasseurs dogons « Dan Nan Ambassagou », qui a démenti toute implication dans le massacre mais a refusé de « déposer les armes ». Des associations peules ont accusé les chasseurs d’avoir à nouveau assassiné deux bergers vendredi.
Zones entières du pays échappent toujours au contrôle de l’armée
Le nord du Mali était tombé en mars-avril 2012 sous la coupe de groupes djihadistes liés à Al-Qaïda. Ces groupes en ont été en grande partie chassés par une intervention militaire internationale, lancée en janvier 2013 à l’initiative de la France, qui se poursuit. Mais des zones entières du pays échappent toujours au contrôle des forces maliennes, françaises et de l’ONU, régulièrement visées par des attaques, malgré la signature en mai-juin 2015 d’un accord de paix, censé isoler définitivement les djihadistes, mais dont l’application accumule les retards.
Depuis 2015, ces attaques se sont étendues au centre et au sud du Mali et le phénomène déborde sur les pays voisins, en particulier le Burkina Faso et le Niger, se mêlant très souvent à des conflits intercommunautaires, qui ont fait quelque 600 morts dans le centre du Mali depuis mars 2018, selon le Haut-commissariat des Nations unies aux droits de l’homme (HCDH).