Ils étaient des milliers lundi 21 octobre à manifester dans plusieurs villes du pays pour apporter leur soutien au nouveau gouvernement formé début septembre. Afin, aussi, qu’il poursuive le changement. En ligne de mire: le parti NCP de l’ancien homme fort de Khartoum.
Ces rassemblements étaient organisés par les Forces pour la liberté et le changement, fer de lance du mouvement de contestation, qui a débuté en décembre l’année dernière. Le mouvement s’est certes soldé par la chute de l’ancien régime, mais pour la contestation ce n’est pas assez.. Ils exigent la dissolution de l’ancien parti au pouvoir du président déchu Omar el-Béchir et justice pour les victimes de l’ancien régime.
Khartoum, Omdourman, Madani, Al-Obeid, Port-Soudan… Ils étaient donc plusieurs milliers à défiler pour demander l’interdiction du National Congress Party (NCP), dont certains hauts cadres occupent toujours des fonctions importantes.
Pour Mohamed Musa, un manifestant, le NCP est tout simplement une menace pour la démocratie. « Ils sont très dangereux parce qu’ils veulent reprendre le pouvoir, soit par les armes, soit par les urnes. Et en ce moment, ils font tout pour faire obstruction à notre nouveau gouvernement. Ils provoquent des pénuries d’essence, des grèves de transports ; il y a quelques jours, ils ont même provoqué des violences à l’université. Ils ne veulent pas que les choses fonctionnent normalement, afin que les Soudanais disent que c’était mieux avant, du temps d’Omar el-Béchir. Ils sont encore là même dans les ministères. Certes les chefs ont été limogés, mais en dessous d’eux, ils sont encore très nombreux et ils font obstruction aux ordres.
Et ces membres ne doivent pas être autorisés à se présenter aux prochaines élections, selon Mohamed Musa : « Ils sont armés. Si ce parti n’est pas interdit, il y aura d’autres incidents dans les jours, les semaines à venir. Notre gouvernement n’est en place que depuis un mois ; eux ont été au gouvernement pendant des années. Ce ne sont pas nos nouveaux ministres qui gouvernement réellement. Ces gens veulent un retour de l’ancien régime, car ils savent qu’un jour ils vont perdre leur poste. Il faut les arrêter, il faut les interdire. »
Les manifestants veulent également que les responsables de ce parti soient jugés pour les exactions dont ils sont accusés. Notamment pour la répression du 3 juin dernier quand les forces de sécurité ont dispersé les manifestants devant le QG de l’armée faisant plus de 250 morts selon la contestation.
Hier soir, le nouveau Premier ministre a d’ailleurs annoncé la mise en place d’un comité chargé d’enquêter sur ce massacre. La justice est importante, a ajouté Abdalla Hamdock pour toutes les victimes des trente dernières années.
rfi