Matam dans la zone orange parce que près de 80 000 personnes n’arrivent pas à assurer les trois repas. Le gouverneur botte en touche les chiffres du Secrétariat exécutif du Conseil national à la sécurité alimentaire. Mohamadou Moctar Watt invite Jean Pierre Senghor et son équipe à consulter les autorités territoriales la prochaine fois.
Il y a quelques semaines de cela, le Conseil national de la sécurité alimentaire (Cnsa) avait publié ses résultats sur la situation alimentaire «préoccupante» au nord du Sénégal. D’après son secrétaire exécutif, Jean Pierre Senghor, parmi les 45 départements que compte le pays, Matam et Ranérou sont dans l’incapacité d’assurer convenablement les trois repas quotidiens. 549 mille ménages concernés, mais un chiffre qui a été reprécisé par M. Senghor dans un entretien avec Emedia.
Il parle plutôt de 80 000 personnes pour le seul département de Matam et 15 000 de Ranérou département. Dans tous les cas, ce sont des chiffres qui ont été contestés. Alors hier, une rencontre du comité régional de sécurité alimentaire s’est tenue à Matam pour aborder la question.
Dans le 20H de la Rts1, lundi, les autorités de la région ont émis de fortes réserves sur la collecte et l’analyse des données qui ne reflètent pas toujours la réalité du terrain.
Et le gouverneur n’a pas mis de gants : «Nous avons proposé qu’à l’avenir, une séance de validation soit organisée au niveau territorial. Ce qui nous permettra de donner notre point de vue, notre appréciation, même si, fondamentalement, nous ne remettons pas en cause la démarche et la bonne foi de cet outil d’analyse. Mais faudrait-il quand même reconnaître qu’il y a des limites et des réserves sérieuses qui ont été émises.»
Mohamadou Moctar Watt souligne, en effet, que le Cadre harmonisé n’a pas tenu compte de certains paramètres comme le rôle «extrêmement important» que joue la diaspora dans le développement local.
«Nous leur avons demandé s’ils ont mesuré le volume de ses transferts monétaires. Ils ont dit qu’ils n’ont mesuré que le niveau, la baisse enregistrée entre 2020 et l’année 2022», a-t-il ajouté.
«Nous voulons des motopompes plutôt qu’une assistance vivrière»
Le chef de l’exécutif régional souhaite plus de production pour développer Matam.
«Voilà pourquoi nous faisons le plaidoyer que l’on mette à notre disposition des motopompes plutôt qu’une assistance vivrière parce que, constat pour constat, moi il ne m’est pas donné de constater jusqu’à présent un cheptel à l’état physique famélique, et des rapports mensuels que je reçois des chefs de service, il ne m’est pas non plus revenu une situation si inquiétante telle qu’elle a été décrite dans le cadre harmonisé», a martelé le gouverneur.
Dans son alerte sur la situation alimentaire «préoccupante» à Matam et Ranérou, le Cnsa avait soutenu que ces deux départements sont dans l’incapacité d’assurer convenablement les trois repas quotidiens, soit 3,1% de la population totale analysée.
«S’agissant de la période projetée (juin-juillet-août 2022), la situation allait s’aggraver avec quatre départements qui seraient en crise alimentaire, Kanel, Matam, Ranérou et Goudiry», avait prévenu Jean Pierre Senghor.
Bes Bi