Les résultats définitifs de l’élection présidentielle du 22 juin seront annoncés ce lundi 1er juillet par le Conseil constitutionnel. Cette proclamation doit intervenir alors que l’opposition dénonce des irrégularités et que la sécurité a été très largement renforcée à Nouakchott.
Alors que le Conseil constitutionnel doit annoncer ce lundi les résultats définitifs de l’élection en Mauritanie, l’opposition, toujours soudée, a tenu une conférence de presse détaillant les irrégularités du scrutin.
« Sur près de 3 800 PV, on a identifié 211 bureaux de vote où les cas de fraude sont patents, estime El Hadhrami Ould Abdessalam, directeur national de campagne de Sidi Mohamed Ould Boubacar. Ça dépasse l’entendement, ça dépasse toute logique. On nous donne le nombre de bulletins trouvés dans l’urne, il est de 138, le nombre de votants 138. Mohamed Ould Ghazouani a 302 voix. Alors les 211 cas, on les a répertoriés ici en détail. Toute personne qui a un référé peut vérifier ça. On a évalué à partir de nos calculs, sur la base de 54 000 voix normalement qui n’appartiennent pas à monsieur Ghazouani à 6%. Alors 6%, vous enlevez de ça 52% et vous allez vous retrouver à 46%. Ça, c’est des éléments probants ».
Déploiement sécuritaire
La proclamation des résultats intervient par ailleurs dans un climat délétère, avec une coupure prolongée du service internet et un déploiement des unités d’élite de l’armée, de la garde et de la police antiémeute dans toute la capitale.
La présence des forces armées et de sécurité dans les points névralgiques de Nouakchott rappelle aux habitants de la capitale mauritanienne les souvenirs de coups d’État militaires, comme l’illustrent ces automitrailleuses positionnées autour de la présidence de la République depuis une semaine.
« Un état de siège »
« Nous observons, au niveau de certains quartiers de Nouakchott, le mouvement des troupes de l’armée, de la garde armée jusqu’aux dents, témoigne Limam Sidi, un habitant de Nouakchott. On dirait qu’on est dans un état de siège. Donc ceci, en soi ce n’est pas mauvais, la sécurité, c’est notre sécurité à tous ».
Dans les quartiers chauds comme la Sebkha, les principaux accès menant au centre-ville sont bloqués par des unités surarmées du Bataillon de la sécurité présidentielle (Basep). C’est pour sécuriser la zone.
Mouvements limités
Mais cela handicape les déplacements des ouvriers issus essentiellement des pays ouest-africains. C’est le cas de Khalidou, un jeune maçon de Tombouctou au Mali : « Ça fait une semaine qu’on se cache dans la maison. On ne travaille pas. On ne trouve pas à manger. Tu ne crois en personne. Aujourd’hui, nous est là, on vit en Mauritanie. Pour nous Mali, Mauritanie, c’est même père, même mère ».
Baba Gaye vendeur de vêtements usagés du Sénégal salue les mesures sécuritaires, mais déplore l’arrêt de son activité professionnelle. « Depuis la semaine passée, on ne travaille pas. On est là à cause des évènements ».
Contactées par RFI, les autorités mauritaniennes envisagent un allégement du dispositif sécuritaire par un retrait graduel des unités de l’armée dans les prochains jours.
par RFI