La lutte contre la mendicité des enfants nécessite l’implication de « toutes les forces vives » du Sénégal, dont les maîtres coraniques qui doivent travailler à être plus autonomes pour que leurs élèves ne soient pas amenés à mendier soutient le fondateur de l’Institut franco-arabe Omar Ben Khatab de Mbour (ouest), Oustaz Abdoulaye Pam.
« Pour combattre la mendicité des enfants afin de l’’éradiquer, toutes les forces vives du pays doivent s’y mettre’’, pour lutter efficacement contre la mendicité des élèves des écoles coraniques en particulier’’, a déclaré Oustaz Pam, professeur de langue arabe à la retraite. Selon lui, « les maitres coraniques aussi doivent faire des efforts en mettant en place des stratégies qui leur permettent d’être autonomes et de s’occuper exclusivement de l’éducation des enfants », a-t-il notamment dit.
Abdoulaye Pam s’exprimait à l’occasion d’une journée d’excellence de l’Institut franco-arabe Omar Ben Khatab qui dispense à ses pensionnaires des cours en arabe, français et anglais, incluant aussi les matières scientifiques, l’informatique. Il a exercé au lycée Demba Diop de Mbour de 1987 à 2017, année de sa retraite, avant de lancer cet institut. Oustaz Abdoulaye Pam fait observer que « si certains maitres coraniques envoient leurs apprenants mendier, c’est parce qu’ils n’ont vraiment pas le choix.
Nous savons, en tant que produits des +daaras+ (écoles coraniques), que le temps d’apprentissages des enfants est insuffisant à cause des travaux extra éducatifs, dont la mendicité’’, que ces enfants sont amenés à pratiquer. Il estime que les parents d’élèves et autres bonnes volontés doivent contribuer à la gestion des écoles coraniques pour que ces temples du savoir arabo-islamique puissent se « concentrer exclusivement » à l’enseignement/apprentissage, à la prise en charge médicale et autres besoins des enfants qui, d’après Pam, « doivent bien apprendre, bien manger et bien se reposer ».
« Je ne peux pas comprendre qu’on veuille éradiquer la mendicité, surtout celle des élèves coraniques » sans que « rien de concret ne soit mis en place pour accompagner les écoles coraniques. Il faut des mesures d’accompagnement allant dans le sens d’inciter les tenants de ces +daaras+ à ne plus envoyer ces enfants dans les rues pour mendier », a relevé Oustaz Abdoulaye Pam.
A l’en croire, à travers l’histoire, il est toujours revenu aux musulmans de contribuer à la prise en charge des besoins et autres préoccupations des écoles coraniques. « Même en Arabie-Saoudite, les écoles coraniques ne sont pas gérées par le gouvernement, mais plutôt par des bonnes volontés qui investissent leur argent pour contribuer à la promotion de l’enseignement coranique », a-t-il soutenu.
« Les acteurs de l’enseignement coranique ne doivent rien attendre de l’Etat, il appartient aux musulmans de contribuer à la prise en charge des +daaras+, parce que, il faut le dire, l’Etat n’a jamais rien fait de significatif pour accompagner ce sous-secteur de l’éducation », a-t-il dit. Il affirme que « pour combattre la mendicité des enfants, il ne faut pas tout attendre de l’Etat, il faut juste conscientiser les musulmans sur les bienfaits de participer à un tel combat », ajoutant toutefois que « l’Etat ne peut pas tout faire et tout le monde doit s’y mettre pour arriver à bout du phénomène de la mendicité ». ADE/ BK