Soixante-cinq migrants sont morts noyés au large des côtes tunisiennes dans la nuit du jeudi 9 au vendredi 10 mai. Il s’agit du naufrage le plus meurtrier de ces derniers mois. Et les sauvetages en mer se sont aussi multipliés : la marine maltaise, la marine italienne et le navire humanitaire Mare Jonio sont encore intervenus en fin de semaine.
Selon le Haut-Commissariat des Nations unies aux réfugiés (HCR), 164 personnes sont mortes en tentant la traversée de la Méditerranée centrale depuis le début de l’année. C’est un peu moins que l’an dernier, mais proportionnellement beaucoup plus qu’avant. Le HCR appelle à renforcer d’urgence les secours en mer.
« Ce qui nous inquiète particulièrement, c’est que le voyage est de plus en plus mortel pour ceux qui l’entreprennent, explique Charlie Yaxley, porte-parole du HCR pour la Méditerranée et la Libye. Sur les quatre premiers mois de l’année, au départ de la Libye, sur quatre personnes qui ont entrepris la traversée, trois ont atteint les côtes européennes et une est morte en mer. C’est un taux de mortalité ahurissant et qui appelle à une action urgente. Sans cette action, on peut être quasi sûrs qu’il y aura des conséquences tragiques. »
Le HCR appelle à une mobilisation urgente des États et des ONG sur cette question. « Il y a un énorme besoin de renforcement des moyens de sauvetage en Méditerranée centrale. Ce week-end il y a eu plusieurs opérations de secours qui se sont bien passées heureusement, par la marine maltaise, la marine italienne, mais il est essentiel que les États et les ONG aient des navires dans la zone pour aider à sauver des vies en détresse en pleine mer. »
Le problème du cas par cas
Pour Charlie Yaxley, il est une fois de plus indispensable qu’une meilleure coordination se mette en place dans la zone. « Il faut plus de navires et il faut dans le même temps que les États européens se mettent d’accord avec les pays de la région pour définir un mécanisme clair et prévisible pour le débarquement des gens sauvés en mer. Il y a des signes positifs, par exemple lorsqu’une poignée de pays se mettent d’accord pour accueillir un navire et répartir équitablement les migrants et réfugiés, mais ça arrive après des jours voire des semaines d’errance en mer. »
Le porte-parole onusien dénonce cette gestion au cas par cas des sauvetages, qui intoxique par ailleurs le débat politique. « Cette approche au cas par cas alimente les forces populistes. Elle alimente la politique de la « crise » et le sentiment d’urgence. C’est vraiment dans l’intérêt de tous que les États doivent se rassembler et se mettre d’accord sur un mode opératoire qui permette aux commandants de navires de savoir exactement où et comment ils peuvent débarquer des rescapés. Ça permettra de sauver des vies, et de réduire la toxicité du débat politique ».
rfi