Mohamed Ould Abdel Aziz: « Non, je ne me représenterai pas » pour un 3e mandat

Ce mardi 20 novembre, le président mauritanien Mohamed Ould Abdel Aziz s’est rendu à Oualata, dans le sud du pays, pour inaugurer l’édition 2018 du Festival culturel des villes anciennes. L’occasion aussi pour lui de préciser ses intentions pour la prochaine élection présidentielle et d’évoquer la sécurisation du Sahel et la lutte contre le terrorisme dans la sous-région et en Mauritanie.

Le président Mohamed Ould Abdel Aziz va-t-il briguer un troisième mandat lors de la prochaine présidentielle en Mauritanie qui se profile à l’été 2019 ? Le chef de l’Etat mauritanien, rappelle qu’il compte bien respecter la Constitution mais qu’il « entend » aussi les appels de ses partisans en vue d’un maintien au pouvoir.

C’est qu’il a affirmé hier lors de l’ouverture du festival culturel de Oualata dans le sud du pays, où l’attendaient de nombreux soutiens.

« Je suis sensible à tous les appels. Il y en a aussi qui appellent à la limitation des mandats. Donc j’écoute tout le monde… De toutes façons, je suis là pour respecter et faire respecter la Constitution du pays.

Non, je ne me représenterai pas dans la mesure où je vais respecter la Constitution et la Constitution dit que je ne peux pas me représenter au-delà de deux mandats.

Je vais continuer à m’engager pour la Mauritanie, je reste en Mauritanie et je continuerai à faire de la politique. Je suis là et je ne quitte pas le pays. Je continuerai sur la même voie. Dès que la Constitution me permettra de me représenter, je le ferai.

Donc, si je ne peux pas me représenter au 3ème mandat, je peux me représenter après. La Constitution ne m’empêche pas de me représenter après ».

Sécurité : «Nous faisons ce que nous pouvons faire avec beaucoup de promesses»

Le président mauritanien a aussi défendu les débuts de la force conjointe du G5 Sahel qui tarde toutefois à être pleinement opérationnelle. Rappelons que Nouackshott accueillera le 6 décembre prochain une réunion sur le financement du G5. Mais il a la « dent dure » contre la Minusma, la Mission des Nations unies au Mali.

« La Minusma coûte plus d’un milliard de dollars cette année. Elle engage plus de 13 000 hommes. Si on compare l’exécution de la mission du côté G5 Sahel et l’exécution de la mission du côté Minusma, on se rend compte que le G5 n’a pas échoué. D’abord, il n’a pas de moyens et il fait avec le peu de moyens qu’il a. Beaucoup de promesses… Nous faisons ce que nous pouvons faire avec beaucoup de promesses, alors que la Minusma a énormément de moyens et elle a engagé plus de 13 000 hommes… »

RFI : Est-ce qu’il n’y a pas des efforts, aussi, à consentir de la part de la Mauritanie par rapport à l’articulation de cette force conjointe du G5 Sahel ? On sait qu’on attend toujours notamment le PC de région à Nbeiket Laouach’ ?

« Ce combat ne se fait pas avec le PC. Il ne se fait pas avec l’infrastructure de base. Il se fait avec des équipements, avec des hommes. Et notre force, la force mauritanienne est prête à 92 % déjà. C’est vrai que le PC n’a pas été construit, mais ce n’est pas avec le PC que nous allons faire le combat ».

Zone rouge : « Nous n’avons plus de Mauritaniens qui partent vers ces centres d’entraînement de terroristes»

En Mauritanie, les touristes de retour depuis l’an 2017 lorsque le ministère français des Affaires étrangères a allégé ses recommandations aux voyageurs sur une partie du désert mauritanien. Quelque 1500 visiteurs sont venus dans le pays la saison passée et 4500 sont attendus dans l’Adrar mauritanien cette année selon l’Office mauritanien du tourisme. Tous les dimanches, jusqu’à fin avril un avion charter de touristes est attendu à Atar, dans le centre du pays.

Plus au sud, le ministère français des Affaires étrangères maintient toujours une partie du pays en Zone Rouge. C’est le cas autour de la cité historique de Oualata surnommée localement « la grande sœur de Tombouctou » où le président mauritanien a inauguré l’édition 2018 du Festival culturel des villes anciennes.

« Je crois que j’attends beaucoup que le Quai d’Orsay puisse faire évoluer cette carte, cette Zone Rouge, en Mauritanie. Parce que pour nous… elle s’explique de moins en moins. Je crois qu’il n’y a pas un pays au monde qui puisse assurer une sécurité à 100 %. Je pense que c’est impossible. C’est même utopique.

Mais en tout cas, depuis quelques années, nous avons fait beaucoup d’efforts pour sécuriser notre pays en réorganisant nos forces armées, en les entraînant, en leur confiant… En créant des unités spéciales capables de se mouvoir sur l’ensemble du territoire. En plus de cela aussi, nous avons agi sur le terrain en engageant des discussions avec des jeunes qui étaient perdus, qui s’étaient enrôlés dans le terrorisme et en ramenant le maximum. Et cela a donné des résultats parce que nous n’avons plus de Mauritaniens qui partent vers ces centres d’entraînement de terroristes, ni même qui se font recruter maintenant ».

rfi