i près, si loin… Après une entame satisfaisante à la Coupe du monde et trois victoires contre des équipes de moindre niveau (Allemagne, Jordanie, République dominicaine), les joueurs de Vincent Collet ont haussé le ton pour venir à bout de la Lituanie (78-75). Ils sont encore montés dans les tours face à l’Australie, réalisant un «?match incroyable?» selon l’évaluation du sélectionneur national. «Au-delà de ce que je pouvais espérer sur le plan offensif», dira-t-il encore. Las, sur le plan défensif, les Bleus n’ont jamais trouvé la clé pour stopper les Boomers, et notamment ce diable de Patty Mills (30 pts). Et avec une erreur ici et là, dont une perte de balle inopportune dans les dernières secondes sur une remise en jeu, c’est l’Australie qui a eu le dernier mot de cette rencontre de (très) haut niveau (100-98). Un «?crève-cœur?» pour le coach de la SIG, qui s’y voyait pourtant déjà : «Le match était tellement fou que si la balle était arrivée à destination, je sentais Nando (De Colo, 26 points sur le match) tout à fait capable de faire la décision.» On ne le saura jamais.
Deux petits points qui changent tout. En cas de victoire, les Bleus auraient affronté la très abordable République tchèque en quarts de finale. Ils devront finalement se coltiner les doubles tenants du titre américains, ce mercredi à Dongguan (13h, en direct commenté). Une équipe US certes privée de ses stars, mais qui reste, sur le papier, au-dessus du reste de la meute. Et qui monte en régime au fil des matches, en plus. Les derniers résultats (victoires contre la Grèce et le Brésil) plaident en ce sens. La défense affichée par les troupes de la légende Gregg Popovich, aussi. Sans parler du talent individuel, des All Stars Kemba Walker et Khris Middleton, en passant par les stars de demain que son Donovan Mitchell (coéquipier de Rudy Gobert à Utah), Jason Tatum et Jaylen Brown.
Un sacré périple de Nankin à Dongguan
Ajoutons à cela que les Tricolores ont multiplié les péripéties entre Nankin, lieu de leur précédent match, et Dongguan, tandis que les Américains n’ont eu qu’un court déplacement à faire depuis Shenzhen. «Merci à l’organisation. Il va falloir gérer la fatigue du déplacement en plus de celle du match alors que les Américains sont déjà sur place», tempête Vincent Collet. Et encore, ces propos datent de lundi. Il ne croyait pas si bien dire… La délégation française a eu droit à un retard d’avion et à des embouteillages sur la route. Plus de neuf heures, porte à porte. Pas idéal pour la récupération… Les Bleus n’ont même pas pu s’entraîner mardi soir. La mise en place aura lieu ce mercredi. «Mais on va tout donner pour réussir l’impossible exploit, lance encore Collet. Jusqu’à preuve du contraire, nous sommes en vie.»
Et ces Bleus ont leurs chances contre cette escouade américaine impressionnante, mais pas imbattable. Le match contre l’Australie doit donner des idées, au moins sur le plan offensif. «Si on défend comme contre l’Australie, ce n’est pas la peine qu’on y aille», prévient toutefois Gobert. Autre point positif, les cadres répondent présent en Chine, et en premier lieu Evan Fournier, taille patron. 20,8 points de moyenne, 4 rebonds et 3,6 passes pour l’arrière d’Orlando, l’un des quatre joueurs NBA de l’équipe de France, avec le double meilleur défenseur de la Ligue US, Gobert, mais aussi Nicolas Batum (Charlotte) et Frank Ntilikina (New York). Vincent Poirier découvrira quant à lui l’Association la saison prochaine, à Boston. Enfin, Nando de Colo, étincelant dans son rôle de leader offensif en sortie de banc, a passé deux ans en NBA, dont un an et demi chez les Spurs de… Gregg Popovich. Des retrouvailles qui n’émeuvent pas le Nordiste. «J’ai dit, au premier jour du rassemblement, qu’il fallait rester concentrer sur nous, et c’est exactement ce qu’on va faire», répond-il quand on lui parle de «Pop».
«L’équipe qui nous ressemble le plus»
Joe Harris, arrière de Team USA, sur la France
En tout cas, les Bleus connaissent bien ces «Ricains». «C’est probablement l’équipe qui nous ressemble le plus dans ce tournoi, confirme le shooteur des Nets et des USA, Joe Harris. Ils courent beaucoup. Ils ont des joueurs, comme Fournier, qui peuvent faire des actions individuelles. Il peut briller dans le pick-and-roll, il peut se créer les actions ou en offrir aux autres. Ils ont des shooteurs, des gars qui jouent en NBA depuis longtemps. Batum, et même De Colo, un joueur de calibre NBA. Il évolue juste en Europe depuis un moment…»
Charge aux Bleus de donner raison à Harris, et de mettre fin à la série de 58 victoires consécutives de Team USA avec des joueurs NBA dans des tournois internationaux, dont 24 à la Coupe du monde. A noter que la France n’a battu les USA que trois fois en 18 confrontations. Le dernier succès date de 1986, à Paris, en amical, avec 31 points de Stéphane Ostrowski. Depuis ? Huit revers. Le dernier, en 2016, aux Jeux de Rio. Et les Bleus de Tony Parker n’avaient pas été ridicules (97-100). Batum, De Colo et Gobert étaient là. «Si la victoire est là, l’histoire n’en sera que plus belle, jure Batum. Je les ai tous battus ces mecs-là… On les connaît. On joue avec eux, contre eux. Le monde du basket a changé. Ce n’est plus 1992, personne ne prend des photos. Mais ils restent les favoris et il faudra faire le match parfait.»
Les demies et un billet pour Tokyo, coup double contre les USA ?
Deux carottes : une place en demies du Mondial, bien sûr, contre l’Argentine, et la qualification pour les JO 2020 qui se rapprocherait grandement. Qualification actée si l’Australie battait la République tchèque ce mercredi (15h). Sans quoi, il resterait éventuellement l’hypothèse d’y arriver par le biais des matches de classement, en fonction du résultat des Tchèques, ou, enfin, via le TQO l’année prochaine, comme pour se hisser aux Jeux de Rio. En attendant, focus sur les Etats-Unis. «Je ne pense pas que notre pourcentage de chance soit aussi élevé que je l’entends ici ou là, prévient coach Collet, méfiant. Les Etats-Unis restent la meilleure équipe de la compétition. Et c’est une équipe qui élève toujours son niveau quand les matches couperets arrivent… Il va falloir sortir le match d’une carrière.» Chiche ?