Le gouvernement français a rejeté le projet Montagne d’or en Guyane, jugé « incompatible avec les exigences de protection de l’environnement ». Mais le promoteur du projet n’a pas dit son dernier mot.
L’exécutif semble avoir définitivement tranché contre le projet Montagne d’or. Pourtant des projets aurifères semblables, utilisant eux aussi le cyanure en circuit fermé, ont été autorisés en Guyane. Mais Montagne d’Or était emblématique par son gigantisme, 800 hectares, en pleine forêt amazonienne, et décriée pour son actionnariat russe… Le projet cristallisait depuis deux ans une opposition de plus en plus dure entre, d’une part, les défenseurs de l’environnement et des populations autochtones, et d’autre part, ceux qui défendaient l’emploi qu’aurait pu générer la mine. Parmi eux, la majorité des élus de Guyane.
Trophée politique
La polémique s’était étendue à tout le territoire français et même à l’international. L’ONU avait épinglé Paris. Le Comité pour l’élimination de la discrimination raciale avait « sommé » la France de reprendre le processus de consultation, ou de suspendre Montagne d’or. Depuis le début de l’année, Emmanuel Macron avait marqué ses distances avec le projet, auquel il était pourtant favorable au départ.
En l’abandonnant, à quelques jours des élections européennes, il offre un beau trophée à l’ancien directeur général de WWF France, l’écologiste Pascal Canfin passé au camp présidentiel, puisqu’il figure sur la liste de la République en marche pour le Parlement de Strasbourg.
Vide juridique ?
Le projet guyanais est-il pour autant enterré ? Le ministre de l’Environnement François de Rugy assure que le projet « ne se fera pas ». Mais le Conseil de défense écologique, réunissant treize ministres, dont ce dernier, a déclaré – nuance qui n’a pas échappé à WWF – « le projet actuel de la montagne d’Or est incompatible avec les exigences de protection de l’environnement ». Des exigences environnementales qui n’existent pas encore noir sur blanc dans le code minier actuel. Voilà huit ans qu’on doit le réformer en France. Le gouvernement promet un projet de loi en décembre…
Cela laisse une marge de manœuvre au promoteur du projet minier, qui depuis huit ans qu’il explore ce gisement, n’est pas pressé. Il a déjà apporté des changements sur la production d’énergie nécessaire à la mine, elle serait solaire, sur les emplois locaux, plus nombreux, ou sur le stockage des résidus, étendu. Dans son dernier communiqué, la compagnie de la Montagne d’or dit vouloir « continuer le dialogue » et « soutenir la volonté du gouvernement d’accélérer la réforme du code minier (…) qui permettra, espère-t-elle, de clarifier le cadre de l’exploitation minière en France ».
rfi