Il était pour sa famille « le gagnant le plus prolifique de l’histoire du sport américain » et pour l’ancien président Barack Obama « un géant »: Bill Russell, sacré onze fois champion NBA avec les Celtics et défenseur des droits civiques, est décédé dimanche.
« Bill Russell, le gagnant le plus prolifique de l’histoire du sport américain, s’est éteint paisiblement aujourd’hui à l’âge de 88 ans, avec sa femme Jeannine à son chevet », a annoncé sa famille sur le compte Twitter de l’ancien joueur.
La NBA et plus largement le sport américain a perdu l’une de ses légendes, reconnaissable aussi à son rire profond.
Son palmarès est impressionnant et ne sera sans doute jamais égalé: en treize saisons en NBA, toutes sous le maillot vert des Celtics de Boston, Russell a décroché onze titres de champion, un record qui tient toujours, dont huit d’affilée de 1959 à 1966.
S’il a fini sa carrière avec un moyenne tout à fait honorable de 15,1 points par match, Russell s’est fait un nom grâce à sa défense: du haut de ses 208 cm, il était intraitable et a écoeuré ses adversaires avec ses contres.
Il fut aussi le premier noir américain nommé à la tête d’une franchise d’un sport professionnel américain et le premier à être sacré, dès sa deuxième année (1967), à la tête de « ses » Celtics.
« Nous avons perdu un géant »
C’est aussi en dehors des terrains de basket que Russell est devenu une figure de la société américaine, ce qui lui a valu de recevoir en 2011 des mains de Barack Obama la médaille présidentielle de la Liberté, la plus haute distinction civile américaine.
« Aujourd’hui, nous avons perdu un géant », a réagi à l’annonce de son décès l’ancien président américain. « Sur le terrain, il était le plus grand champion de l’histoire du basket-ball. En dehors du terrain, il était un pionnier des droits civiques, marchant avec le Dr (Martin Luther) King et se tenant aux côtés de Mohamed Ali. »
« Pendant des décennies, Bill a enduré les insultes et le harcèlement, mais cela ne l’a jamais empêché de défendre ce qui était juste. J’ai tellement appris de sa façon de jouer, de sa façon d’entraîner et de sa façon de vivre sa vie », a ajouté Barack Obama.
« La promesse de l’Amérique est que nous sommes tous créés égaux et que nous méritons d’être traités de la même manière tout au long de notre vie. Nous n’avons jamais pleinement tenu cette promesse, mais Bill Russell a fait en sorte que nous ne l’abandonnions jamais », a également salué l’actuel président Joe Biden, dans un communiqué.
Né en 1934 en Louisiane, dans un Sud profond vivant encore sous le régime de la discrimination raciale, avant de déménager avec sa famille en Californie dans les années 1940, Russell mit à profit sa notoriété pour faire avancer la cause des droits civiques.
Marche sur Washington
En 1963, il avait participé à la Marche sur Washington de Martin Luther King.
« Depuis son enfance dans la Louisiane ségréguée jusqu’à sa carrière dans les plus grandes salles de sport, au plus fort du mouvement pour les droits civiques, Bill a été confronté à l’hostilité et à la haine raciste, ancrées dans tous les aspects de la vie américaine. Pourtant, il n’a jamais baissé les bras. Tout au long de sa vie, il nous a forcés à affronter de dures vérités », a souligné Joe Biden.
Dès l’annonce de son décès, la NBA a rendu hommage au « plus grand champion de tous les sports d’équipe ».
« Bill défendait quelque chose de bien plus grand que le sport: les valeurs d’égalité, de respect et d’inclusion qu’il a inscrites dans l’ADN de notre ligue », a indiqué le patron de la NBA Adam Silver dans un communiqué.
« Au sommet de sa carrière sportive, Bill a vigoureusement défendu les droits civiques et la justice sociale, un héritage qu’il a transmis aux générations de joueurs de la NBA qui ont suivi ses traces », a ajouté Adam Silver.
Les joueurs actuels des Celtics lui ont également rendu hommage.
« Tu as changé non seulement la ligue mais le monde », a tweeté Grant Williams, tandis que Jaylen Brown a publié un message remerciant Bill Russell « d’avoir ouvert la voie et d’avoir inspiré tant de gens. »
« Bill Russell était mon idole », a réagi de son côté l’ancien meneur des Los Angeles Lakers Magic Johnson. « Il a été l’un des premiers sportifs à se battre en première ligne pour la justice sociale, l’équité, l’égalité et les droits civiques ».
La star Michael Jordan a lui rendu hommage à un « pionnier », qui « a ouvert la voie et donné l’exemple à tous les joueurs noirs qui sont entrés dans la ligue après lui, y compris moi ».
« Le monde a perdu une légende avec le décès de Bill Russell. Son impact sur le basket-ball et la société ne sera pas oublié », a salué Patrick Ewing, ancien pivot des New York Knicks.
Alors que la date de ses obsèques n’a pas encore été fixée, sa famille a espéré que « chacun d’entre nous trouve les moyens de parler et d’agir à la manière de Bill, sans faire de compromis, avec dignité et une approche toujours constructive »…