Le Pakistan est en proie à des inondations destructrices suite à des pluies de mousson diluviennes qui s’abattent sur le pays depuis la mi-juin 2022. Le gouvernement a déclaré l’état d’urgence le vendredi 26 août alors que la pluie continue de tomber. Au moins 1 061 personnes ont été tuées, plus de 33 millions d’habitants, soit un habitant sur sept, ont été touchés par ces crues.
Avec notre correspondante au Pakistan, Sonia Ghezali
L’une des provinces les plus durement affectées est celle du Sind dans le sud du pays. Sur place, tous les yeux sont rivés sur le barrage de Sukkur, car c’est de lui dont dépend le sort de centaines de milliers d’habitants du sud du Pakistan. Cette retenue d’eau est la pierre angulaire du système d’irrigation au Pakistan ; il s’agit d’ailleurs du plus grand réseau d’irrigation de ce type au monde.
Un fragile trésor d’ingénierie
C’est un trésor d’ingénierie qui date des années 1930. Il redistribue l’eau du fleuve Indus dans presque 10 000 kilomètres de canaux. Les dix-neuf vannes en acier de cet immense barrage en pierre ont été ouvertes pour réguler le débit du fleuve. Seulement, il y a eu une négligence dans l’entretien de l’édifice au cours des précédentes années et l’écoulement de l’eau est ralenti par des couches de terres qui se sont déposées avec le temps et qui n’ont jamais été retirées.
90% de l’alimentation en eau du Pakistan
Le risque, c’est que l’Hindus, qui procure 90% de l’alimentation en eau du Pakistan, déborde et inonde toutes les terres, tous les villages alentours. Des dizaines sont déjà sous les eaux. On a pu voir sur place de vastes champs agricoles, des vergers de manguiers et de dattiers, noyés sous les eaux et des milliers de rescapés entassés sous des tentes de fortune sur le bord des routes.
« Sans précédent depuis 30 ans »
Des secouristes sont à pied d’œuvre jour et nuit pour venir en aide aux habitants pris au piège mais aussi apporter de la nourriture à ceux qui refusent de quitter leur maison malgré le risque d’un nouvel épisode de pluie diluvienne. « Nous prions pour que la pluie cesse » nous ont confié plusieurs habitants de Sukkur, qui observent le ciel avec angoisse.