Le Parlement israélien a voté dimanche 13 juin 2021, la confiance à une coalition hétéroclite de huit partis, unis par leur volonté de faire tomber « Bibi », au pouvoir depuis douze ans. Des milliers de personnes ont fêté dans la rue ce changement de gouvernement.
Ainsi s’achève la longue ère « Bibi ». Une nouvelle page de l’Histoire d’Israël s’est tournée dimanche 13 juin 2021, avec la fin de douze ans de règne ininterrompu du Premier ministre Benyamin Netanyahou, écarté par un vote de confiance du Parlement à une coalition hétéroclite menée par son ancien allié, Naftali Bennett.
Ce changement à la tête du gouvernement est entré en vigueur dès la fin du vote historique : 60 députés ont voté pour la nouvelle coalition, qui va de la droite à la gauche, en passant par l’appui d’un parti arabe, et 59, principalement du parti Likoud de Netanyahou, de l’extrême droite et des partis ultra-orthodoxes, s’y sont opposés.
Le gouvernement travaillera pour « l’ensemble » de la population israélienne, y compris la minorité arabe, mais aussi les juifs ultra-orthodoxes qui n’ont aucun élu dans cette coalition, a déclaré au Parlement Naftali Bennett, chahuté par ses adversaires politiques, dont plusieurs ont été expulsés. Juste avant le vote, il a ainsi déclaré :
« Je comprends que ce ne soit pas un jour facile pour beaucoup aujourd’hui, mais ce n’est pas un jour de deuil, c’est un jour de changement, de changement de régime dans une démocratie. »
« Je promets que ce gouvernement travaillera pour l’ensemble du pays, personne ne doit en avoir peur », a encore assuré M. Bennet
Une Coalition fragile
Aux législatives de mars (les quatrièmes en deux ans), le Likoud avait terminé en pole position, mais M. Netanyahou n’avait toutefois pas réussi à rallier une majorité de 61 députés nécessaire pour former un gouvernement. Devant l’impasse, le président Reuven Rivlin avait demandé au chef alors de l’opposition, Yaïr Lapid, de tenter sa chance.
Ce dernier a réussi in extremis début juin à réunir une majorité en formant une coalition réunissant deux partis de gauche, deux de centre, trois de droite et – fait rarissime – la formation arabe Raam de Mansour Abbas.
Le soutien de Mansour Abbas et de Naftali Bennett a été essentiel pour atteindre le seuil de la majorité. Et pour s’assurer du soutien de M. Bennett, Yaïr Lapid lui a proposé d’être le premier Premier ministre, pour deux ans, avant d’enfiler lui-même en août 2023, le costume de chef de gouvernement. Si, bien sûr, cette coalition hétéroclite fragile parvient à rester au pouvoir jusque-là.
Rétrogradé au poste de chef de l’opposition, Benyamin Netanyahou a averti, lui, qu’il taclerait le gouvernement dans l’espoir de revenir au pouvoir rapidement malgré ses 71 ans et son procès pour corruption, malversation et abus de pouvoir dans une série d’affaires.
« i[Si c’est notre destin d’être dans l’opposition, nous le ferons la tête haute, nous allons faire tomber ce mauvais gouvernement et nous serons de retour pour diriger le pays à notre manière […] Nous serons de retour bientôt ]i», a-t-il lancé au Parlement, en qualifiant de « faible » le nouveau gouvernement.
Nouvelobs.com